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Fabien Salliou

Marketing / Communication

Fabien Salliou
41 ans
Permis de conduire
Bruxelles (1050) Belgique
Situation professionnelle
En poste
Ouvert aux opportunités
Présentation
"If we try too hard to avoid failure, we'll avoid success ", "Dans le péril, croît aussi ce qui sauve," Holderlin, "Il n'existe pas de chemin tout tracé, la seule vérité est celle que nous découvrons nous-mêmes"
CV réalisé sur DoYouBuzz
McGulfin, Miscellanées et divagations www.mcgulfin.com
Le marché au Cameroun
14 mai 2023
Tout s'y trouve et tout s'y vend. C’est un torrent d'humanité qui s’entasse dans le marché d’Etoudi à Yaoundé - véritable corne d’abondance de la cité aux sept collines. Et pourtant la circulation humaine y est fluide. Cet immense "souk", c’est une ville dans une ville, avec ses coutumes et ses règles, et dans laquelle, bien entendu, tout se négocie. L’espace de ce supermarché à ciel ouvert est véritablement bien maîtrisé: une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. 

Des hordes de chalands flânent à la recherche de la bonne affaire. Une foule de vendeurs propose ses produits (fruits, légumes, viande, poisson, etc.). On y voit des sourires, on y perçoit des petites invectives, des boutades, et on marche sur un sol boueux: mes chaussures blanche deviennent rapidement rouge de boue. On y entend des messages enregistrés sur des magnétophones qui vantent les mérites d’un produit et expliquent son fonctionnement. Pourquoi s'enquiquiner à répéter maintes fois le même discours ? 

Une tripoté de gens se croisent, se touchent. Et des voitures qui semblent sortir de nulle part se frayent un chemin à travers ces âmes errantes. Les klaxonnent retentissent. C’est blindé de gens et pourtant on ne se sent pas alpaguer, ni oppressé, ni stressé. Dans ce supermarché à ciel ouvert, tout se discute: aucun prix n’est fixé et fixe. 

On coudoie également des personnes avec une brouette qui te proposent de te suivre pendant tes courses en embarquant les fruits de tes marchandages. Au Cameroun, tout est opportunité. Le moindre créneau business est comblé: un service, une opportunité, un business est peut-être un mantra camerounais. 


Première impression:
ce marché est un véritable foutoir dans lequel règne une totale anarchie. Deuxième impression: c’est un chaos bien maîtrisé. Tout est codifié et sectorisé: un secteur poisson, un secteur épices, un secteur fruits et légumes, boucherie, etc. Rien n’est laissé au hasard. 

Une anecdote. Dans un autre quartier de la ville, la briqueterie, nous sommes allés avec un membre de la famille, Laurence, afin d’acheter des tissus. On repère quelques pièces qui nous intéressent et on faut semblant de n'être pas si intéressés que cela (chaque acteur dans cette pièce de théâtre de la négociation campe un rôle bien précis). Avec nos têtes de touristes, on nous déclare un prix exorbitant. Laurence se fait alors entendre: “C’est mon beau-frère et ma cousine, et tu veux les faire payer combien ? J’ai chaud, je suis fatigué, j’ai faim et soif, je n'ai pas le temps pour ça.” A ces mots, le gérant active la ventilation, donne quelques billets à un gamin qui revient rapidement avec de la boisson et de la nourriture. “Voilà, maintenant que tu n’as plus chaud et que tu as à boire et à manger, on peut parler, on peut négocier.” 
Finalement, nous avons payé le juste prix. 

Négocie avec moi et je te verrai qui tu es. Négocier, ici, c’est comme un prétexte pour échanger, engager une discussion, apprendre à se connaître un peu, et ne pas rester, l'un pour l'autre, des étrangers qui, simplement, troquent quelques billets contre un bien consommable. Cela rend le commerce humain. Cela préserve une tradition orale. Cela montre (révèle) qui tu es.
Voyage à Kribi et voiture en rade: Dit oui et débrouille toi ensuite
12 mai 2023
Nous partons pour la côte. Cinq jours à Kribi, une station balnéaire connue pour ses plages de sable blanc, et son port. Durée du trajet: cinq heures. Notre moyen de locomotion: une ancienne Land Rover. Avant notre périple, la voiture a été minutieusement contrôlée par un garagiste. Néanmoins, une heure avant l’arrivée, le moteur de notre fier carrosse se grippe: plus d’accélération. Nous sommes en pleine cambrousse, il fait chaud et nous sommes contraints de nous arrêter. C’est triste et plutôt banal. 


Dit oui et débrouille toi ensuite.
Notre voiture tombe en rade et nous sommes à une heure de route de Kribi. Le souci: elle n'accélère plus. Quelques appels à un garagiste de Yaoundé nous aident à comprendre, peu ou prou, la panne. Concevoir le pourquoi et l’origine du couac ne veut pas forcément dire l’arranger. Là où nous sommes garés, un homme nous apporte de l’eau et part même chercher des gens aptes à visiter le moteur dans l’espoir de contourner la panne afin d’arriver à notre destination.

Ce qui est étonnant, c’est que la voiture, une Land Rover, a été inspectée et contrôlée de fond en comble avant le départ. Etonnant, certes, et pourtant courant au Cameroun. 

A la question: peux-tu réparer cette voiture ? La réponse de chaque garagiste au Cameroun est oui. A l’interrogation de la capacité de ces personnes à la réparer; la réponse, on la découvre par l’expérience, est souvent non. 

On dit oui, on se débrouille, on bidouille, on improvise, on fait au mieux. Parfois ça fonctionne et la voiture est réellement réparée. Parfois ce n’est pas le cas et on repart avec une illusion de réparation. 

Bonne volonté de certains qui ont essayé et qui pensaient bien faire. Malhonnêteté des autres, des fourbes, qui tentent de fidéliser une clientèle avec une auto qui repassera rapidement entre leurs mains. 

Trouver un garagiste de confiance, fiable et expert dans son domaine n’est pas évident. En définitive, après quelques recherches, un mécanicien en or a été trouvé à Kribi. Qualifié, il a remis en état notre Land Rover. Encore merci. 

Plus généralement, dans les affaires, au Cameroun, les problèmes viennent souvent du manque de confiance et de la trahison. Faire du business est aisé - sans paperasses administratives tout peut naître du jour au lendemain - tout comme se faire rouler et duper. L'insécurité est permanente, chacun œuvrant pour sa paroisse en n’oubliant pas de récolter l’oseille au passage. Avoir un bon réseau de personnes honnêtes, loyales, intègre est primordiale ; et complexe à constituer. 

Finalement, c’est une voiture des Douanes qui nous conduit pour le reste de notre trajet (quelques franc CFA transforment ce véhicule ne taxi). Nous sommes serrés dans le coffre de la bagnole, qui est aménagé de banquettes. Il fait chaud. Le chauffeur a une conduite sportive. Un peu avant l’arrivée, nous sommes arrêtés à un poste de contrôle. Notre chauffeur obtempère et commence à se garer puis s’exclame: “Non, je ne veux pas faire ça aujourd’hui”. Et fonce en arrachant la corde qui servait de barrière. 

Personne ne s’en étonne. Personne ne s'en offusque. Personnes ne bouge. C’est presque normal. C’est aussi ça, le Cameroun.



Voiture et moto taxi au Cameroun: on ne marche pas
12 mai 2023
200 mètres à pied c’est déjà trop loin. Au Cameroun, on ne marche pas: on se déplace dans des véhicules motorisés, que ce soit une voiture ou une moto taxi. On y transporte aussi bien des gens que des denrées. Il n’est pas rare de voir des coffres d’automobile remplis de meubles ou de fourrages en tout genre. Tout comme une moto peut transporter une, deux, trois ou quatre personnes (avec ou sans enfant, y compris un bébé) et avoir encore de la place pour une bouteille de gaz (entre le chauffeur et le guidon). Décidément, il n’y pas de problèmes, que des possibles et des solutions pour transporter qui et quoi que ce soit d’un point A à un point B. 

Par quels miracles roulent encore ces voitures et ces motos ? Cabossés et rafistolés, on se demande vraiment comment tous ces engins motorisés peuvent encore se déplacer. Surtout sur les routes camerounaise: une succession de routes goudronnées et de chemins en terre qui révèlent des nids de poules d’une profondeur de plusieurs centimètres (de profondeur, et de largeur). 

Même si endommagées, les voitures et les motos sont bichonnées et personnalisées: que ce soit au niveau de la couleur ou de la structure. C’est comme si ces véhicules étaient des membres de la famille. Qui sont respectés. Qui sont écoutés. Qui sont choyés. Ce n’est pas une simple voiture ou une moto d’une telle marque, mais la voiture et la moto d’untel. Reconnaissable entre mille autres modèles et dans laquelle le propriétaire a mis une partie de lui, de son imagination, de son univers. 

A l’intérieur des taxis, nul besoin de mettre la ceinture. Le prix, lui, se négocie. Et le taxi, au fil de sa course, prend encore et encore des passagers: pourquoi ne pas rentabiliser l'habitacle de la carlingue ? Tant que ça rentre, c’est qu’il y a de la place. Il arrive même que le chauffeur s’arrête pour une course personnelle, en faisant un détour. Tout est envisageable.

Tout l’espace de la route, zone piétonne comprise, est réquisitionné par les véhicules à moteur. Règne ici la loi du plus fort ; et entre une voiture ou une moto et un être humain, c’est rarement le quidam de chair et de sang qui remporte le combat: mieux vaut s’écarter et être attentif. Il n’y a donc pas deux voies: il y a autant de voies qu'il est possible d’en créer. Et la création d’espace de circulation se fait à coup de klaxonne. Klaxonner c’est prévenir que l’on va effectuer une action, par la droite ou la gauche: la vigilance est donc de mise. 

Première impression: la circulation est anarchique et chaotique. Deuxième impression: il y a peu d'accidents. Car tout est, finalement, codifié. Accordez votre confiance à vos chauffeurs, ils sont très doués.

NB: Se déplacer en taxi, ou via Yango: une application qui met en relation, comme Uber, des personnes avec des voitures et des gens qui souhaitent se rendre à un endroit précis. Cela fonctionne très bien.
Cameroun: des racines et des ailes pour notre fille
10 mai 2023
Vendredi 14 avril 2023. Après 17 heures de vol, notre carlingue touche enfin le sol de l’aéroport de Yaoundé; notre destination finale. Bruxelles, Vienne, Addis abeba, Libreville et enfin la capitale du Cameroun: un curieux itinéraire qui nous a fait économiser quelques centaines d’euros. Après ce long périple en avion, c’est le moment pour notre fille de découvrir une partie de ses racines. Il paraît que nous donnons deux choses à nos enfants: des racines et des ailes. Pour les ailes, on est bon (un BOEING 787), pour les racines: allons-y ! 

Pour moitié, le Cameroun est la terre des racines de ma compagne ; et pour un quart de celle de notre fille. Dans leurs veines coule cette hérédité africaine. Engrammés dans leur corps il y a des valeurs, des codes, des croyances, des traditions camerounaise. Consciemment ou inconsciemment il y a bien cette transmission. Nous sommes sans défense devant l'innocent et inquisiteur regard de nos enfants. Aucune armure n'est infaillible pour nos bambins, qui voient clairement au travers de leurs parents: dans les dits et les non-dits, dans les comportements et les retenus. Nous transmettons en premier lieu ce que nous sommes. Et dans le cas de ma compagne c'est un mélange d'éducation avec un parent belge et un parent camerounais. Dés lors, connaître (et avoir) ses racines est essentiel pour bien se comprendre, pour bien maîtriser le fil (et le scénario) de son histoire (de vie).

Les racines sont une partie importante des plantes et des arbres. Ce sont par elles qu’ils se nourrissent. Les racines maintiennent au sol quand tout le reste, par le vent et par l’eau, est emporté. Sans racines nous sommes sans cesse ballottés, nous manquons d’ancrage. Comment grandir et s’épanouir pleinement sans un vaste réseau racinaire ? Les arbres aux racines profondes ne sont-ils pas ceux qui montent le plus haut ? Les racines ne sont pas une chaîne, mais un envol. 

“Celui qui oublie ses racines n'atteint jamais sa destination.” Proverbe philippin 

Retrouver les indices de son passé racinaire, c'est recomposer les morceaux de son moi brisé, c'est  reconstruire le puzzle de son identité, c’est reconstituer son miroir: celui qui reflète sa véritable personne, avec ses ombres et ses lumières. 


"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve," nous enseigne ainsi Rumi. Chercher notre vérité, c’est donc chercher ces morceaux de miroir. Car comme le disent les Soufis, nous sommes des chercheurs de vérité. Une quête sans fin: notre identité est évolutive ;  nous sommes aujourd’hui différent et pareil à ce que nous étions hier, tout comme demain est un autre jour et une nouvelle découverte de nous-même. Il faut toute une vie pour s'atteindre, pour s'apprivoiser et se connaitre.
Quelle vérité se trouvera au Cameroun ? Quelle prise de conscience ? Je ne sais pas.

Dans tous les cas j’ai cette croyance: Il n’est jamais ni trop tard, ni trop tôt: nous sommes toujours libres de choisir un futur et un passé différent. Tout est question d'interprétation et de relecture: rien ne s'écrit dans le marbre dès les premières lignes, nous pouvons faire mentir l’histoire, contourner la logique de continuité à laquelle nombre de gens croient, nous pouvons redonner un autre sens, revisiter le passé. Nous pouvons déjouer le destin, et le guider: "Chaque vie se fait son destin" (Henri-Frédéric). Le passé n‘oriente pas toujours la suite des événements. Dans le monde réel, chaque rencontre, chaque événement de vie est une bifurcation possible: nous nous influençons, continuellement et inlassablement. Nous impactons nos amis et les gens avec qui nous sommes en contact ; et vice versa. Nous sommes des êtres de “contagion”: des virus sociaux. 

 Il y a deux formes de destin : un destin vertical et un destin horizontal, Amin Maalouf

Un des objectifs de ce voyage est donc de présenter notre fille à la famille, c’est aussi une occasion de la faire entrer dans une partie de son histoire. Relier Maliya à l’une de ses racines, à l’une des branches de son arbre généalogique. "Ce qui ne peut danser au bord des lèvres, s'en va hurler au fond de l'âme" (Christian Bobin): Ce qui ne s'exprime pas s'imprime, ne rien voiler, ne rien cacher et distribuer toutes les cartes connus, sans exception. “Le destin mêle les cartes et nous jouons,” écrit Arthur Schopenhauer. Et maintenant, Maliya, à toi de commencer à écrire et ré-écrire ton récit, à toi de jouer avec tes cartes...
Accepter, remercier et se débarrasser de son histoire personnelle
29 sept. 2022

Tomber amoureux de sa vie personnelle, de son empreinte. Rester piégé dans le passé. Régresser, ne pas profiter du moment présent, ne pas s’épanouir, ne pas oser évoluer / changer. Se raccrocher à son histoire personnelle afin de justifier ses comportements améliorables ou autodestructeurs et ses carences de vie. “Le sillage n’est que ce qu’il est, et rien d’autre - une trace que vous avez laissé derrière vous. Mais l’avez-vous laissée derrière vous ?,” nous interroge l’écrivain Dr Wayne W. Dyer. Peut-être y-a-t-il un confort (et un bénéfice ?) à nous définir par le passé. Peut-être y-a-t-il un inconfort à nous présenter vers l'avenir. Nous connaissons le passé, ce qui est rassurant et réconfortant ; mais pas l'avenir, ce qui est inquiétant...

Ci-gît mon passé, je lui ai dit adieu. Merci les enfants, je n’aurais pas voulu manquer ça, Ogden Nash

Le passé ne reviendra pas, il n’existe plus. Le passé n'est qu'un prologue, qu'un début. “En maintenant des liens avec votre passé, vous garantissez non seulement que vous serez immobilisé aujourd’hui, mais vous vous empêchez de guérir. En mentionnant les luttes passées et en les utilisant comme des raisons de ne pas continuer votre vie aujourd'hui, c’est exactement comme attribuer au sillage la capacité à faire avancer le bateau.” (Wayne W. Dyer). Peut-être faut-il, parfois, oublier le passé ancien pour trouver un passé récent. Tout comme il peut être utile, parfois, de se détacher ou d’oublier le passé récent pour retrouver le passé ancien. Se remémorer, acceptez son histoire, mais ne pas y vivre. D'ailleurs, comment peut-il y avoir un avenir à vivre dans le passé ?

“Connaître le passé est une manière de s'en libérer,” Raymond Aron

Imaginez un crayon qui aurait la capacité de n'écrire que votre histoire personnelle,” suggère le Dr Wayne W. Dyer. Ce crayon n’a pas d’autre utilité et fonction que celle-ci. “Tout votre passé est dans ce crayon. Allez-vous le garder ? Pourquoi faire ? Allez-vous vous en débarrasser ? Peut-être serez-vous inspiré par ce poème d’Omar Khayyam:

“Le doigt agile écrit, et l’ayant fait, il passe à autre chose. Toute ta piété et tout ton esprit ne le convaincront pas d’annuler la moitié d’une ligne. Et toutes tes larmes ne pourront effacer un seul mot.”

Je suggère que vous preniez ce crayon dans vos doigts, et avec compassion, que vous permettiez aux mots, aux blessures, et à la douleur du passé d’être écrits, acceptés, examinés, compris et aimés pour tout ce que vous avez appris et vécu,” explique Wayne W. Dyer. et de rajouter: "L’histoire de votre passé et de toutes vos blessures n’existe plus maintenant dans votre réalité physique. Ne leur permettez pas d’être maintenant dans votre esprit, et de troubler vos moments présents."

Notre histoire personnelle nous construit, elle n'est pas censée nous définir, nous figer, nous imposer des choix et nous servir un avenir. Nous ne sommes pas des esclaves de notre passé. Nous sommes bien plus que notre histoire personnelle. Enfin, "nous ne sommes pas", certes, seulement et seulement si nous le voulons...

“A force de déterrer le passé, on finit par enterrer le présent.”

Source: "Les 10 secrets du succès et de la paix intérieure", Docteur Wayne W. Dyer, Ed. Un monde différent, 2022

Le travail et la notion de sens: une quête absurde ?
30 juil. 2022
Chercher un sens à son travail. Trouver une explication dans ce que l'on fait et pourquoi on le fait. Et si le travail n’avait tout simplement pas de sens ? 

Chercher une histoire qui plaît et à laquelle se raccrocher, irrésistiblement. Dénicher un dessein dans un chaos. Dégoter une structure dans un nuage de points informe et aléatoire. Et si tout cela était vain ? Et si ce sens n’était que distraction afin de ne pas voir et constater l'absurdité ambiante ? 

Comment trouver du sens et se réjouir d'être brutalement arraché de son sommeil à 7 heures du matin par le son d’une alarme stridente, taper sur son réveil, bondir hors de son pieux, aller pisser, boire un verre d’eau tout en mangeant sans plaisir et sans conscience une tartine, un croissant ou un pain au chocolat, prendre une douche, s’habiller, se brosser les dents, se coiffer, se parfumer, courir dans la rue avec son mug de café chaud pour choper son transport en commun et jouer des coudes pour s’y frayer une place, sentir la transpiration de ses congénères - les zombies-travailleurs - et n’y croiser que des têtes baissés zieutant leur smartphone, et finalement arriver sur son lieu de labeur afin de produire de l’oseille pour des personnes qui te demandent d’être reconnaissant d’avoir cette belle opportunité et revenir chez soi à 20 heures ? 

"Personnellement, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui m’a dit : « Chouette ! Demain, je vais aller travailler ». Le travail, parfois (allez, souvent même), renvoie plutôt à une activité pénible qu’on se retrouve obligé de faire," explique Albert Moukheiber, psychologue et neuroscientifique 

"Désormais, nous assistons à une inversion de la charge selon laquelle ce n’est plus l’individu qui doit trouver un sens à sa vie, mais son entreprise qui lui impose un sens. La preuve ? Tous ces slogans absurdes qui parcellent la surface marketing des boîtes que vous retrouvez dans le métro ou sur vos fils Instagram. Aujourd’hui, une société qui fabrique des sweats à capuche va soumettre un slogan inspiré, comme si elle avait trouvé le sens de l’existence. 

Le bullshit pseudo-profond


"Le bullshit pseudo-profond, voilà comment le chercheur en sciences cognitives canadien Gordon PennyCook a théorisé le mal de l’époque. Ce non-sens représente des phrases, des injonctions qui ont l’allure de la profondeur mais qui se révèlent être dénuées de sens. La question que l’on pourrait se poser serait alors : « Cette quête de sens permanente avec laquelle on nous bassine toute la journée ne serait-elle pas un grand bullshit pseudo-profond ? ». Comment trouver du sens dans un boulot alimentaire ? Comment trouver du sens lorsque je travaille dans une grande entreprise qui produit du greenwashing toute la journée ?"

"Ce « bullshit pseudo-profond » est en train de nous déculpabiliser, de nous déresponsabiliser. Il nous détourne même du véritable sens qui voudrait que nous affrontions de nombreux challenges hyper légitimes comme la lutte contre les discriminations et les inégalités sociales ou le combat - immense - contre le dérèglement climatique. Cette injonction à devoir trouver du sens à la vie grâce à notre travail se révèle alors être une sorte d’excuse, provoquée encore une fois par cette inversion de la charge selon laquelle nos boulots prennent une place centrale dans nos vies alors que pour beaucoup d’entre nous, le taf, c’est juste un truc obligatoire pour pouvoir faire autre chose à côté. Ne devrait-on pas abandonner cette quête permanente au bullshit pour pouvoir réaliser autre chose de plus légitime ? Je suis persuadé que nous arriverons à faire quelque chose de plus utile si nous travaillons moins." 

Pour aller plus loin, et contredire: Ikigai et la métaphore du tailleur de pierre


> Ikigai: quête de sens et désir

Pourquoi nous nous levons chaque matin ? Pourquoi travaillons-nous ? Qu'est-ce qui nous anime ? Qu'est-ce qui nous motive ? Pour les japonais, la réponse se trouve dans l'Ikigai, et sa satisfaction. Ikigai est donc un terme japonais qui signifie "Raison d'être / Joie de vivre". 

"Choisis un travail que tu aimes, et tu n'auras pas à travailler un seul jour de ta vie," Confucius. Selon la culture nippone, chacun de nous possède un Ikigai caché - et sa révélation exige une longue et profonde recherche. Une lente et lancinante introspection. Concrètement, l'Ikigai se trouve à l’intersection entre la passion, la mission, la vocation et la profession de chacun d'entre-nous. En lire plus !

> La métaphore du tailleur de pierre: trouver du sens dans l'objectif final

Un voyageur voit sur le bord de la route un homme qui casse des cailloux à grands coups de marteau. Son visage est terne. 

"Monsieur, que faites-vous ?," demande le voyageur. "Vous voyez bien," lui répond l’homme. Je taille dûrement des pierres toute la journée. Je suis un tailleur de pierre."

Un peu plus loin, le voyageur aperçoit un autre homme qui, lui aussi, casse des cailloux. Toutefois, son visage est calme et expressif et ses gestes sont harmonieux. 

"Que faites-vous, monsieur ?," lui demande le voyageur. "Je taille une pierre pour construire un mur," lui répond-il. 

Plus loin, un troisième casseur de cailloux respire le bonheur. Il sourit et regarde avec plaisir les éclats de pierre qui volent à chacun de ses coups de marteau. 

"Que faites-vous ?," lui demande le voyageur. "Moi ? Je bâtis une cathédrale !"
Le début est un mystère, la fin une révélation
29 juil. 2022

Le début est un mystère, la fin une révélation. Mais dans l'intervalle, il y a les émotions qui sont les vraies richesses de la vie, Christian Bobin

En une vie, nous sommes confrontés à beaucoup de début. Le début de la vie, le début de la scolarité, le début de la vie de couple, le début de la vie professionnelle, le début de la vie parentale...


Devant l’inconnu, 

  • On teste et on réussit, ou on échoue, et on re-test. Parfois cela fonctionne, parfois pas. Et on ajoute des données à nos expériences de vie, encore et toujours.
  • On a peur, on est dégoûté, on est en colère, on est triste, on est joyeux. Le temps passe et les émotions font place à des sentiments confortables, et parfois inconfortables. Rien n'est figé: il est toujours possible de remettre un peu de "confort" dans les sentiments. La mémoire est souvent plus une auteure de roman fictionnel (frictionnel ?) qu’une factuelle historienne - un souvenir n’est pas une version 100% correcte de la réalité, simplement une reconstruction mentale d’un vécu. Une perception.

Au début toutes les pièces du puzzle sont jetées sur la table, et règne la confusion. Il y a ce qu’on sait, ce que l’on croit savoir, ce que l’on ignore, ce qu’on aimerait faire et ne pas faire. 

Comment mettre de l’ordre dans ce chaos ? Comment se dépatouiller avec toutes ces informations, parfois complémentaires et souvent contradictoires ? Comment concilier ce tout dans une histoire cohérente ? Comment amener de la résonance, et de la raison…


La mise en récit et la fabrication de mythes sont des activités humaines qui permettent à notre monde de devenir signifiant


Eh oui ! C'est inscrit - et écrit - dans notre histoire: nous sommes un peuple de conteur, passionnément. Toutes les cultures de l'humanité se nourrissent de récits ; que ce soit des mythes, des fables, des contes, des chansons, des peintures laissées dans des grottes. Par-delà le côté divertissement ces histoires nous offrent plusieurs degrés de compréhension, plusieurs niveaux de lecture, et nous proposent ainsi des clés pour apprivoiser le monde, voire le transformer.


Peut-être que le rôle du sens est de nous réconforter, de nous donner un sentiment de contrôle. Au fond, peut-être n’y-a-t-il pas de sens, de réelle cohérence. "Chercher un sens à quoi que ce soit est moins le fait d'un naïf que d'un masochiste," comme l’écrivait Emil Cioran. Peut-être que le monde est absurde, et que nous ajoutons avec nos histoires de l’absurdité à ce monde, chaque jour. 


Se détacher du sens et embrasser la vie, simplement. Avec ses routines et ses aléas. Un jour on nait, un jour on meurt. Un jour est n'est, et un jour on n'est plus. Et entre ces deux journées, indérogeables, rien n'est cent pour cent prévisible et tout est possible ("C'est une chose de penser que l'on est sur le bon chemin, une autre de croire que ce chemin est le seul," Paulo Coelho).


La fin est une révélation, assurément, et ce n'est qu'un nouveau début.


Nous n’aurons de cesse d’explorer, Et la fin de toutes nos explorations Sera de revenir à l’endroit d’où nous sommes partis. Et de connaître le lieu pour la première fois, Quatre Quatuors de T.S. Eliot

Une question de mort et de vie, Marylin et Irvin Yalom: un deuil, une vie, un processus et une histoire
21 avr. 2022
Y-a-t-il une vie après la mort ? Dans “Une question de mort et de vie”, Marylin et Irvin Yalom, chapitre par chapitre, se partagent la plume afin de narrer dans un ouvrage collectif une fin, et un début. La fin: c'est la mort annoncée de Marylin atteinte d'un cancer. Le début: c’est la vie d’Irvin après la mort de sa compagne, avec qui il partage sa vie depuis plus de 70 ans. Y-a-t-il une vie après la mort ? Oui, dans les souvenirs de nos amis, de nos collègues, de nos proches, etc. Nous sommes tous des gardiens des souvenirs du passé. Et au fil des années qui passent les âmes se meurent, et bientôt les gardiens des souvenirs de notre passé se font de plus en plus rares. Ceux qui restent ont la lourde tâche de se rappeler une vérité. Une vérité qui, comme les murs d’une vieille maison, s'effritent. Des pans entiers qui, parfois, s'écroulent. 

Nous savons l'un et l'autre que la maladie risque d'emporter Marilyn dans les mois à venir. Nous allons tenir ensemble le journal de ce que nous allons vivre, dans l'espoir que notre expérience et nos observations permettront, à nous et à ceux qui nous liront, de lui donner un sens et d'aider à la supporter. 

Nous sommes façonnés par ceux que nous aimons et par ceux que nous détestons ; et rien d'autre. Chacune de ces personnes reflétant nos parts d’ombre et de lumière, nos côtés que nous aimons et ceux que nous aimons moins. Chacune de ces personnes partageant notre passé. 

En se baladant sur l’étroit sentier de notre mémoire, l'on découvre, parfois, un faisceau de lumière. Impalpable. Qui nous réchauffe. Qui appuie comme sur un bouton lecture de notre cerveau. Qui nous réconforte d’un récit. Ce récit est un souvenir partagé. Partagé avec qui ? 
Avec ceux qui étaient présents, bien entendu. Notre famille, nos proches, nos connaissances, etc. sont les gardiens des souvenirs de notre passé ; et nous du leur. 

Un souvenir c’est comme un miroir qui serait tombé au sol et qui se serait brisé en petits morceaux. Chacun détenant une partie de la vérité, du souvenir de ce qui fût. Chacun devenant un gardien du passé. 

Lorsque les gardiens s’en vont, leurs pièces du puzzle disparaissent, elles aussi, à jamais. Le miroir devient alors incomplet, et bientôt il disparaîtra. 

Dans une question de mort et de vie, Marylin et Irvin Yalom écrivent à quatre mains un ouvrage de fin et de début de vie. Marylin n’a que peu de temps à vivre et oblige Irvin à s’associer à ce projet d’écriture. Un projet qu’Irvin continuera seul. Un projet qui lui permettra d’affronter son deuil. 
S’il y a bien un livre qui peut changer une vie, pour Irvin, c'est bien celui-là. Un livre qui le raccroche à sa bien-aimée Marylin, tout en la quittant. Peu à peu...

Après toutes les années épanouissantes que j'ai vécues avec Irvin et la bonne santé dont j'ai joui la plupart du temps, quelle raison aurais-je de poursuivre une existence de souffrance et de désespoir quotidiens ? La réponse est simple ; c'est qu'il n'y a pas de méthode pour mourir facilement. 

Pour que la mort soit vraie et réelle il faut qu’en plus d’être vraie et réelle, elle entre dans notre vie, dans notre conscience. Que nous l'intégrions, concrètement. Après la mort de Marylin, Irvin continue d’écrire l’ouvrage commencé à deux. Et nous raconte sa période de deuil, faite de déni, d’acceptation, de colère, de tristesse, de dépression, d'abandon, de remise en question, de sursaut. 
Regarder un film, lire un livre et se dire: je vais en parler avec Marylin…et mettre un temps avant de constater que ce n’est plus possible. Sans parler de tous ces rendez-vous anniversaires qui passent et que nous fêtons, seul. 

Ce qui me terrifie le plus dans la mort, ce n’est pas la perte de l’avenir ; c’est la perte du passé. En réalité, l’oubli est une forme de mort toujours présente à l’intérieur de la vie, Milos Kundera. 

Pour ne pas que les mots (maux) hurlent au fond de son âme, Irvin les couche consciencieusement sur le papier. Et noircit des pages et des pages afin de partager son processus de peine, de deuil. Un voyage sans chemin balisé ; mais avec une fin. 

Une vie pleinement vécue. De toutes les argumentations qui me permettent de réconforter des patients qui ont peur de mourir, la plus puissante pour eux est celle de ne pas regretter la vie qu'ils ont vécue. 

Moins on a vécu sa vie, plus on a peur de la mort. Ni Irvin, ni Marylin ne regrettent leur vie. Une question de mort et de vie est un livre troublant: quelle trace laissons-nous une fois que nous ne sommes plus ? Une question de mort et de vie est un livre triste, et beau. 

"Il y a deux mille ans, Sénèque écrivait: “Un homme ne peut pas être prêt à mourir s’il n’a fait que commencer à vivre. Nous devons nous donner pour but d’avoir déjà suffisamment vécu.” Nietzsche, le plus puissant des auteurs d’aphorismes, a dit qu’il est dangereux de vivre à l’abri. Un autre de ses aphorismes me revient à l’esprit: “Beaucoup meurent trop tard, et quelques-uns meurent trop tôt.” Encore étrangement sonne cette leçon: “A la bonne heure sache mourir.” (...) Tout ce qui s’est accompli; tout ce qui est mûr veut mourir. Mais tout ce qui n’est pas mûr veut vivre: hélas.” 

"Je sais que je continuerai d’exister sous une forme impalpable dans la conscience de ceux qui m’ont connu ou qui ont lu mes livres mais, d’ici une à deux générations, tous ceux qui m’auront connu en chair et en os auront disparu (...) Et à Irvin de se rappeler les premières lignes de l'autobiographie des Nabokov: “Le berceau se balance au-dessus d’un abîme, et le sens commun nous apprend que notre existence n’est que la brève lumière d’une fente entre deux éternités de ténèbres.” Cette image stupéfie et calme."

Source: Une question de mort et de vie, Irvin D. Yalom / Marilyn Yalom, Albin Michel, octobre 2021, 313 pages
Soufi mon amour: abandonner un avenir pour le moment présent
22 juin 2021
Il est des rencontres qui changent une vie, la re-dessine, la re-dirige, la revigore ; comme la lecture d’un livre. Dans "Soufi mon amour", de l'écrivraine Elif Shafak, deux histoires se mêlent: celle d’Ella qui traverse une crise de sens, et l’incroyable rencontre initiatique entre Rûmî, poète persan du XIIIe siècle, et Shams de Tabriz, derviche errant, adepte du soufisme. Un magnifique roman, plein de sagesse, qui nous emmène sur les chemins du cœur, la beauté du moment présent, le refus des conventions et la richesse de l’amour. Un livre qui soulève beaucoup de questions, qui émerveille, qui donne le sourire, qui interroge nos cadres de vies, notre façon de vivre, notre regard sur le monde...Ressassez le passé, pensez à l'avenir, courir après le temps, être en dehors du temps, le subir, se sentir happé par le tic tac du Monde: et si nous redevenions tous des enfants de l'instant présent ?

Hier, j'étais intelligent et je voulais changer le monde. Aujourd'hui, je suis sage et je me change moi-même, Rumi


Ella a quarante ans et mène une vie confortable. Un mari aimant. Des enfants. Un chien fidèle. Une maison. Aucun souci financier. D’apparence le cadre semble idyllique. 
A cette idylle s’ajoute la récente prise de fonction d’Ella en tant que lectrice pour une grande maison d'édition. Sa première mission est la lecture du manuscrit "Doux blasphème" d’un certain A.Z. Zahara. Comme l'écrit A.Z. Zahara en quatrième de couverture de son ouvrage: "L'histoire que je vous envoie se déroule au XIIIe siècle à Konya, en Asie Mineure. Mais je crois sincèrement qu'elle traverse les pays, les cultures et les siècles. Un roman historique et mystique sur le lien exceptionnel qui lia Rumi, le plus grand poète et le chef spirituel le plus révéré de l'histoire de l'islam, et Shams de Tabriz, un derviche inconnu et peu conventionnelle, objets de scandales et de surprises."
Une lecture qui va radicalement changer la manière dont Ella voit le Monde, et sa réalité. "Il suffit de savoir qui on est pour que tout aille au mieux, sachant que d’une minute à l’autre on peut changer d’être et d'apparence," Christian Bobin 

Ci-dessous, vous trouverez quelques morceaux choisis, quelques citations, non pas de “Doux blasphème”, mais de “Soufi mon amour” d'Elif Shafak.

De notre quête de complétude: nous sommes une oeuvre d'art incomplète qui s'efforce de s'achever 


Et si nous naissions incomplets ? Et si l’un des objectifs de notre existence était de rassembler les pièces de notre puzzle de vie ? 

"Peu importe qui nous sommes et où nous vivons, tout au fond, nous nous sentons tous incomplets. C’est comme avoir perdu quelque chose et éprouver la nécessité de le retrouver. Quel est ce “quelque chose” ? La plupart d’entre nous ne le découvriront jamais. Et parmi ceux qui y parviennent, plus rares encore sont ceux qui partent à sa quête." (Elif Shafak)

Et comme le secret de l’action, c’est de s’y mettre, d’où cette suggestion d'Elif Shafak :"Ne te demande pas où la route va te conduire. Concentre-toi sur le premier pas. C’est le plus difficile à faire."(Elif Shafak)

Et comme la vérité n’est pas un sentier balisé, mais un chemin sinueux, au poète Rumi de rajouter: "Trouvez les personnes qui illumineront votre chemin. Ignorez ceux qui vous rendent effrayés et tristes , qui vous entraînent vers la maladie et la mort. Mettez votre vie en feu. Cherchez ceux qui attiseront les flammes." 

De l’humilité et du changement: où est la Vérité ? 


Qui détient la Vérité ? Tout le monde, et sans doute personne. Chacun possède sa perception de la Vérité, selon sa perception du Monde. Voyons-nous vraiment le Monde ? Voyons-nous pleinement le Monde ? Voyons-nous le Monde tel qu’il est ? Ou voyons-nous le Monde tel que nous sommes ? Comme l’écrit poétiquement Rumi: “La vérité était un miroir dans les mains de Dieu. Le miroir est tombé et s'est brisé en éclats. Chacun en a pris un morceau, l'a regardé et a cru que c'était la vérité” 

Chaque rencontre est potentiellement essentielle et riche d'enseignement."L'humilité consiste aussi à reconnaître que n'importe quelle créature dans l'Univers est susceptible de nous enseigner ce que nous ignorons."(Elif Shafak)

Ecouter, c'est apprendre. Questionner, c'est se surprendre, dépasser ses croyances et ses certitudes. "Un homme qui a beaucoup d'opinions mais aucune question ! Il y a quelque chose qui ne va pas." (Elif Shafak)

"Si tu veux changer la manière dont les autres te traitent, tu dois d'abord changer la manière dont tu te traites. Tant que tu n'apprends pas à t'aimer, pleinement et sincèrement tu ne pourras jamais être aimée. Quand tu arriveras à ce stade, sois pourtant reconnaissante de chaque épine que les autres pourront jeter sur toi. C'est le signe que bientôt tu recevras une pluie de roses." (Elif Shafak)

Spiritualité / Religiosité, deux notions bien différentes 

 Je n'appartiens à aucune religion. Ma religion est l'amour. Chaque cœur est mon temple, Rumi 

Spiritualité & religiosité, est-ce la même chose ? Y-a-t-il une nuance à effectuer ? C’est Christian Bobin, dans son ouvrage "Autoportrait au radiateur", qui écrit : "je n'aime pas le mot "religieux". Je lui préfère le mot "spirituel". Est spirituel ce qui, en nous, ne se suffit pas du monde, ne s'accommode d'aucun monde. C'est quand le “spirituel” s'affadit qu'il devient du religieux” "

"Vous pensez que je suis pieux. Je ne le suis pas. Je suis spirituel. C'est différent. Il ne faut pas confondre religiosité et spiritualité, et le fossé entre les deux n’a jamais été aussi profond qu’aujourd’hui. Quand je contemple le monde, je vois un dilemme qui s’aggrave. D’un côté, nous croyons à la liberté et au pouvoir de l’individu indifférent à Dieu, au gouvernement ou à la société. De bien des manières, les êtres humains sont de plus en plus égocentriques et le monde devient plus matérialiste. D’un autre côté, l'humanité dans son ensemble se tourne de plus en plus vers la spiritualité. Après s'être reposé sur la raison pendant si longtemps, on dirait qu’on a atteint un point où nous reconnaissons les limites du cerveau." (Elif Shafak)

"Le problème avec la foi, c'est que souvent, absorbé par les arbres, on est incapable de voir la forêt. La totalité de la religion est bien plus grande et plus profonde que la somme des parties qui la composent. Chaque règle doit être interprétée à la lumière de l'ensemble. Et l'ensemble est dissimulée dans son essence."(Elif Shafak)

"Toutes les guerres de religion étaient par essence un problème linguistique. Le langage cachait plus de vérité qu’il n’en révélait ; en conséquence les gens ne cessaient de mal se comprendre, de mal se juger. Dans un monde semé de traductions erronées, rien ne servait d’être déterminé sur un sujet ou un autre, car il se pouvait que même nos convictions les plus fortes soient les conséquences d’une simple erreur d'interprétation. En règle générale, personne ne devait être trop rigide sur quelque sujet que ce soit car vivre signifiait changer constamment de couleur." (Elif Shafak)

De la difficulté à vivre le moment présent 

Passé, présent, futur ; la découpe du temps est connue. Est-elle pour autant pertinente ? Est-elle fondée ? Il y a des minutes qui durent des heures, et des heures qui s'égrainent en quelques secondes. Un temps relatif, donc, et un temps qui peut nous emprisonner, nous empêcher de voir les petits bonheurs de la vie. Sommes-nous trop pressées ? Prenons-nous le temps de vivre le moment présent ? Prenons-nous le temps de savourer chaque instant...

"Le passé est un tourbillon. Si tu le laisses dominer ton présent, il t'attirera vers le fond." (Elif Shafak)

"Le temps n'est qu’une illusion. Ce qu’il faut, c'est vivre l’instant présent. C’est tout ce qui compte. Le passé est une interprétation. L'avenir est une illusion. Le monde ne passe pas à travers le temps comme s’il était une ligne droite allant du passé à l’avenir. Non, le temps progresse à travers nous, en nous, en spirales sans fin. L’éternité ne signifie pas le temps infini mais simplement l’absence de temps. Si tu veux faire l’expérience de l'illumination éternelle, ignore le passé et l’avenir, concentre ton esprit et reste dans le moment présent." (Elif Shafak)

Et si nous étions tous connectés, tous interconnectés ? 

Chacun aime des parties de lui-même, et en rejette d'autres. Chacun d'entre-nous possède une part de lumière (tous nos beaux aspects, nos critères inspirants) et une part d'ombre (ces parties moins glorieuses, ces comportements et pensées que nous ne souhaiterions pas avoir et qui peuvent nous faire honte). Justement, qu'en est-il quand émerge, parfois bien malgré nous, nos côtés blessés, imparfaits, inadéquats, nos émotions que nous n’aimons pas avoir - et que nous éprouvons quand même ? Nous pouvons être en contact avec nos blessures, mais nous ne sommes pour autant pas des personnes blessées. Nous sommes des êtres complexes façonnés dans l’imperfection de nos blessures intérieures. Des êtres parfaitement imparfaits. Il est donc nécessaire d’avoir de la bienveillance pour nous-mêmes - et d'accueillir nos parties moins glorieuses. Bref, de cultiver l’Amour de Soi, tel que nous sommes avec tous nos aspects, et pas seulement tel que nous aimerions être à chaque instant. Nous sommes un tout...

"Tout l’univers est contenu dans un seul être humain: toi. Tout ce que tu vois autour de toi, y compris les choses que tu n’aimes guère, y compris les gens que tu méprises ou détestes, est présent en toi à divers degrés. Ne cherche donc pas non plus Sheitan hors de toi. Le diable n’est pas une force extraordinaire qui t’attaque du dehors. C’est une voix ordinaire en toi. Si tu parviens à te connaître totalement, si tu peux affronter honnêtement et durement à la fois tes côtés sombres et tes côtés lumineux, tu arriveras à une forme suprême de conscience. Quand une personne se connaît, elle connaît Dieu." (Elif Shafak)

"L’univers est un seul être. Tout et tous sont liés par des cordes invisibles en une conversation silencieuse. La douleur d’un homme nous blessera tous. La joie d’un homme fera sourire tout le monde. Ne fais pas de mal. Pratique la compassion. Ne parle pas dans le dos des gens, évite même une remarque apparemment innocente. Les mots qui sortent de nos bouches ne disparaissent pas, ils sont éternellement engrangés dans l’espace infini, et ils nous reviendront en temps voulu." (Elif Shafak)

La maison d'hôte de Rumi...



"Être humain, c'est être une maison d'hôtes. 
Tous les matins arrive un nouvel invité. Une joie, une dépression, une méchanceté, une prise de conscience momentanée vient comme un visiteur inattendu. 
Accueillez les tous et prenez-en soin! 
Même s'ils sont une foule de chagrins, qui balaient violemment votre maison et la vident de tous ses meubles, traitez chaque invité honorablement. Peut-être vient-il faire de la place en vous pour de nouveaux délices. 
La pensée sombre, la honte, la malice, rencontrez-les à la porte en riant, et invitez-les à entrer. 
Soyez reconnaissants pour tous ceux qui viennent, parce que chacun a été envoyé comme un guide de l'au-delà," Rumi

Source, et à lire: "Soufi, mon amour", Elif Shafak, Ed: 10/18, août 201, 474 pages
Zone de confort ou zone d'habitudes ?
21 juil. 2020

Voulez-vous exister dans une vie banale, réglée, écrite à l’avance, sans nouveautés, sans surprises ? Souhaitez-vous pratiquer une langue sans désir, évoluer dans un temps sans merveilles, découvrir un lieu sans couleurs, lire un conte sans fééries ni enchantements ? Sans doute pas. Mais votre zone de confort plaide néanmoins pour cette conjoncture. D’ailleurs, et si nous utilisions l’expression zone d’habitudes en lieu et place de l’expression zone de confort ? 


Zone de confort est une expression que nous ne cessons de lire, et d’entendre. Qui désigne cette propension de l’être humain à rester dans le connu au lieu d’embrasser l’inconnu. De rester dans le statu quo au lieu d'accueillir le changement.


Toutefois, cette zone de confort est souvent tout sauf confortable, tout sauf douillette ou accueillante. Peut-être confortable et sécurisante en surface, toutefois profondément désagréable et source de mal-être en profondeur. Dés lors, pourquoi nous la souhaitons ? Pour quelles obscures raisons nous la plébiscitons ?

D’ailleurs, et si le confort était plus une série d'habitudes ? 


Car c’est par habitudes que l’on reste dans cette zone, ce cercle familier. Par manque de volonté, par fainéantise, par facilité, par peur du danger (qui se révèle fréquemment non réel, mais la peur de la peur est belle et bien présente). Pourquoi consommer et consumer de l’énergie à faire autrement ? C’est si simple de boucler sans réfléchir, de refaire encore et toujours la même chose. 


La zone d'habitudes c’est une vie banale, réglée, écrite à l’avance, sans nouveautés, sans surprises. C’est une langue sans désir, un temps sans merveilles, un lieu sans couleurs, un conte sans enchantements. 

Un constat: enfant, nous ne cessons d’élargir notre zone d’habitudes. Sans peur, sans crainte, sans angoisse face au jugement des autres. On tente, on essaie, on se vautre, on recommence. Nous nous laissons joyeusement entraîner par le courant de la rivière de la vie et nous naviguons, inlassablement, de zone de non-habitudes vers des zones d’habitudes. Un périple sans fin. Un voyage initiatique, et épanouissant. 

Et un matin, un jour, une nuit, l’exploration se termine. L’enfant devenu adulte, sage paraît-il, troque sa hardiesse pour une version de lui-même plus timorée. Les habitudes sont scellées dans le marbre, gravées dans l’inconscient. Indéboulonnables. Des lois indérogeables. 

Comment en sommes-nous arrivés là ? 


Aussi, notre corps, lui, ne se trompe pas. Il ne se laisse pas aisément duper. Il hurle, il bouillonne, il se rigidifie, il se contracte, il exprime une souffrance.


Ecoutez ses coups qui cognent sous votre poitrine. Ressentez cette pression dans votre crâne - qui vous désoriente et qui vous file la gerbe. Sentez ce dos qui n’arrive plus à se redresser sans vous provoquer des râlements de douleurs. 

Ce que vous entendez, ce n’est pas simplement votre coeur qui bat la chamade, ce n’est pas une énième migraine qui se déclare, ce n’est pas seulement votre dos qui gémit de désespoir au fil des années qui passent. Ce que vous entendez, au plus profond de vous, c’est l’enfant (refoulé?) qui sommeille dans votre chair. Cet aventurier qui bouge, qui frappe. Qui veut ouvrir la porte, sortir, s'exprimer. Qui veut explorer, découvrir. Qui n’a cure du jugement des autres. Qui n’a pas peur de la peur. 


J'ai eu beaucoup de problèmes dans ma vie, dont la plupart ne sont jamais arrivés, Mark Twain


Au final, il n’y aucun réel danger à élargir notre zone d’habitudes. A l’agrandir, à l’apprivoiser, doucement. "Au fond, ce qui nous limitent ce ne sont pas les vrais dangers, ce sont nos pensées, nos croyances. Ce sont ces habitudes psychologiques et émotionnelles qui sont la résultante, parfois, de traces très ancienne de ce qui peut être dangereux. Ce qui nous a protégé un jour, enfant, devient ce qui nous limite aujourd’hui. En reconnaissant que ça nous a protégé à un moment, que ça nous a aidé, nous pouvons élargir notre zone d’habitudes et devenir une personne avec tellement plus de possibilités," Ilios Kotsou.


NB: C'est lors d'une interview d'Ilios Kotsou à laquelle j'ai eu le plaisir de participer que j'ai entendu pour la première fois parler de zone d'habitudes. Merci pour cet éclairage, Ilios !

Comment décider au mieux ? Jugement, décision, profusion de données et verbalisation
09 juil. 2020
Quel est l’impact de l’accumulation d’informations sur mon jugement / ma prise de décision ? Quel est l’impact de la verbalisation sur ma mémoire et ma prise de décision ? Réponse: qui peut le moins peut le plus ; qui en dit moins, en mémorise le plus. Partons à la découverte de l’intuition avec Malcolm Gladwell. 

Lorsque nous devons prendre une décision nous sommes convaincus que la quantité d’informations récoltée est synonyme de pertinence, d’efficience. Pourtant, cette quantité de données se révèle souvent inutile, pire, elle se révèle parfois nuisible. Plus je dispose d’informations et moins je sais et plus ma décision sera complexe à prendre. Plus je dois m’expliquer par des mots (oral ou écrit) et plus ma décision sera pervertie par ma pensée. Quelques exemples et explications pour digérer ces deux dernières phrases.

Exemple du "Cook County Hospital", à Chicago - hôpital que les fans de la série "Urgences" connaissent bien

En 1995, Brendan Reilly, médecin, prend la tête du Cook County Hospital. Quelques mois après son arrivé, Reilly se penche sur le traitement des infarctus. Le protocole thérapeutique est long, complexe et peu concluant. Reilly consulte alors les travaux du cardiologue Lee Goldman qui, dans les années 70, avait élaboré un algorithme, "ou si l’on veut, une équation qui devait permettre d’interpréter les douleurs thoraciques avec un degré assez élevé d’exactitude. Selon lui, il fallait examiner l’ECG - électrocardiogramme - en rapport avec trois facteurs de risques qu’il a qualifié d’immédiats. Et pour chaque combinaison de facteurs de risques, Goldman établi un arbre de décision qui mène à une recommandation de traitement." ("La force de l’intuition", Malcolm Gladwell) 

Une hérésie pour nombre de médecins. Un ECG (électrocardiogramme) et trois facteurs, seulement, alors que pléthore d’autres facteurs peuvent influer le risque: style de vie, régime alimentaire, fumeur ou pas, l’âge, etc. La croyance est alors: un diagnostique doit se reposer sur un processus plus complexe que la simple lecture de l’ECG. 
Grandeur nature, des tests (diagnostiques avec et sans l'algorithme de Goldman) ont été effectué au Cook County Hospital. Conclusion: "les complications graves prévues par les médecins lorsqu’ils se fiaient à leur propre jugement se sont concrétisées dans 75 à 89 % des cas, tandis qu’elles se sont confirmées dans 95 % des cas" lorsque l’algorithme de Goldman était utilisé. "Ce qui perturbe les médecins quand ils essaient de déceler les signes avant-coureurs de la crise cardiaque, c’est qu’ils tiennent compte d’une trop grande quantité de données," explique Malcolm Gladwell. L’excès d’informations brouille le jugement. 

Exemple de l’identification de la personnalité d’un individu par des psychologues: qu'importe la quantité de données !

En 1965, un chercheur américain nommé Stuart Oskamp s’est intéressé "à l’impact que pouvait représenter l’accumulation d’informations sur le jugement en menant une étude en quatre étapes auprès d’un groupe de psychologues." ("La force de l’intuition", Malcolm Gladwell) 
  • Etape 1: Stuart transmet aux psychologues des renseignements de base sur un ancien soldat, Joseph Kidd, âgé de 29 ans. Et leur demande ensuite de répondre à un questionnaire à choix multiples qui traite de la personnalité de Kidd. 
  • Etape 2, Etape 3, Etape 4: Stuart donne des données supplémentaires sur Joseph Kidd: description de son enfance, ses années d’études au collège, à l’université, ses fréquentations, etc. A chaque nouvelle étape les psychologues peuvent modifier leur questionnaire à choix multiples. 
Résultat: plus les psychologues accumulaient des renseignements, plus leur degré de confiance en leur jugement augmentait. "Pourtant, leur évaluation de la personnalité de Kidd n’était pas plus précise. Dans l’ensemble, le résultat n’a jamais dépassé 30 % de bonnes réponses," écrit Malcolm Gladwell. "En fait, leur degré de confiance n’avait aucune commune mesure avec la pertinence de leur jugement," rapporte Oskamp. Un esprit tellement rempli de données qu’il tente, tant bien que mal, d’assimiler (de traiter) les nouvelles: créant de la confusion, altérant la pertinence de son jugement, essayant parfois de faire entrer un carré dans un cercle.

Trop de données nous paralyse ? L’exemple de la marmelade: plus il y a de choix, moins on choisit (moins on se sent capable de choisir ?) 

Sheena Iyengar, professeure, a installé un stand dans une épicerie. A certaines heures de la journée le stand proposait de goûter et d'acheter six sortes de confitures, à d’autres moments: 24. Résultat: "30% des consommateurs qui se sont arrêtés devant le stand où l’on présentait 6 parfums de confitures en ont acheté" contre seulement 3% de ceux qui se sont arrêtés devant le stand qui offrait 24 sortes de parfum. Surabondance de choix et peur de mal choisir (et si je faisais le mauvais choix ? se disent-ils) qui entrainent cette conséquence: une paralysie des gens face à cette multitude de pots de marmelade qui, partant, n'en choisissent aucun. (lire l'article: longue traine et paradoxe des choix sur le web, cliquez-ici !)

Trop de mots altère-t-il notre jugement ? 

L’être humain, vieux roublard, est-il rapide à fournir des explications pour des choses qu’il est, finalement, incapable d’expliquer ? Explique-t-on réellement ce que l’on pense, ou débitons-nous des balivernes ? Sommes-nous subordonnés à nos mots, à nos verbes ? Et si expliquer était trahir, nous trahir ? 

Jonathan Schooler et Timothy Wilson ont récupéré une enquête qui classait, selon le goût, des pots de confitures de fraise, du moins bon au meilleur. Ce classement était l’oeuvre d’experts. 
  • Test 1: ils ont soumis ces pots de confitures à un panel de non-expert, et leur a demandé de les classer. Les résultats obtenus: même s’ils ne sont pas experts les profanes ont classé quasi dans le même ordre les pots. 
  • Test 2: Même expérience, mais cette fois-ci les profanes devaient justifier leur choix, motiver leur décision, expliquer leur préférence. Comme le rapporte Malcolm Gladwell: "cette fois, le degré de corrélation" avec le classement des experts s’est révélé très bas. "Si le profane sait inconsciemment ce qu’est une bonne confiture, il ne sait pas comment exprimer ce qu’il ressent envers ce produit (...) d’après Wilson, une personne qui conçoit une raison plausible pour expliquer sa préférence modifiera son véritable jugement de manière qu’il concorde avec sa raison." "Verbaliser sur les motifs d’un choix induirait un focus de l’attention sur certains critères non pertinents, mais plus facilement verbalisables, ce qui s’avérerait préjudiciable lors de l’établissement du classement." (source)
Dans une autre étude, Schooler et Wilson ont demandé à un premier groupe de résoudre des énigmes, et à un deuxième groupe de résoudre ces mêmes problèmes - mais en leur demandant d'expliquer, par écrit, leur processus de résolution. Les membres du groupe 2 ont résolus 30 % d’énigmes en moins que le groupe 1. "Quand on tente de s’expliquer par écrit, on diminue considérablement ses chances d’avoir un éclair de génie pour résoudre une énigme - tout comme le fait de décrire un visage par écrit (couleur de yeux, forme du visage, couleur des cheveux, etc.) nuit aux chances de le reconnaître lors d’une séance d’identification. (...) L’acte consistant à décrire un visage court-circuite la capacité naturelle à le reconnaître." C’est ce que l’on dénomme l’ombrage ou l’éclipse verbale: "la verbalisation porterait une « ombre » sur la mémoire, altérant les souvenirs."

Conclusion: keep it simple et économisez, parfois, vos explications. Du moins, ménagez-les et ne vous engouffrez pas dans une logorrhée pour expliciter vos propos :) Et si votre interlocuteur insiste, dîtes-lui simplement: “je ne sais pas”, “c’est comme ça”, “je ne peux être plus précis” et avertissez-le: “souhaites-tu que je continue à m’expliquer au risque d’inventer une histoire et me perdre dans mes pensées et pervertir mon propos et mes conclusions ?” S'il accepte, laissez libre court à vos talents de conteurs !

Données techniques: "La force de l’intuition," Malcolm Gladwell, pocket, mai 2013, 254 pages
Le management est une science !
08 juil. 2020
Management: souhaitez-vous rester dans la croyance ou glissez vers le savoir ? Suivisme, mode, argument d’autorité guident souvent, au jour le jour, la vie professionnelle. C’est une croyance plutôt ancrée: le management ce n’est que du pragmatisme, une école de bonnes pratiques, de recettes toutes faites, de transpositions d'idées. Et si le management était une science ? A découvrir le livre d’Olivier Sibony: "Vous allez redécouvrir le management". Un livre pour savoir et ne plus que croire. 
Se fier à son propre jugement, à son bon sens, à son expérience, à ce que font les autres ; et si ce management superstitieux était source d'innombrables erreurs ? 
Vous pensez que le brainstorming est efficient ? Vous seriez étonnés d’apprendre que cette tempête de cerveau ne l'est pas vraiment. Vous pensez que les entretiens d’évaluation sont pertinents ? Vous seriez étonnés de découvrir qu’ils ne le sont pas. 



Le management a pourtant son volet "science", et de nombreux professeurs et universitaires planchent sur le sujet de la gestion d’équipe et d’entreprise. Cependant, ils ne sont pas écoutés, ou peu, ils ne sont pas lus, ou peu. Souvent éclipsés par telle ou telle personnalité, par telle ou telle mode / mouvance. Des gens influents qui appliquent une méthode, et "prouvent" que ça marche: "Regardez mes résultats, ils parlent pour moi, j'ai raison," scandent-ils. Même s'ils utilisent le scientifique verbe "prouver", le langage est plus celui de l’amoureux que du savant. 
Le noeud du problème, quand on utilise le "bon sens" pour essayer de comprendre le monde, c'est la confusion entre les histoires et les théories, Duncan Watts, sociologue
Bercés d’illusions, pléthore de dirigeants d'entreprise (impressionnés, jaloux, envieux ?) suivent telle ou telle recette toute faite, adoptent tel ou tel outil, etc. sans prendre en compte la singularité de leur société, de leur secteur, etc. Un management plus superstitieux que scientifique. 
Attention ! Scientifique ne veut pas dire qu'à 100 % cela fonctionne. Ce qui n'est pas facile à admettre, l'être humain, habituellement, ne cherche pas la connaissance, mais la certitude. Il y a bien entendu des contre-exemples, et d'ailleurs beaucoup d’anecdotes à ce sujet: "J’ai entendu dire que telle entreprise a tenté cette approche: une catastrophe". Méfiez-vous de ces histoires et de ces anecdotes, ne tombez pas dans ce bais: soyez curieux et questionnez-les ! Une sur combien ? Qui a dit ça ? Comment cette entreprise a accueilli cette approche ? L’a-t-elle embrassé à 100% ?, etc. Scientifique signifie, alors: c’est mieux. Mieux que de suivre aveuglement les saintes paroles du prochain gourou du management, qui peut avoir tendance à s'identifier à "sa théorie". "Beaucoup mieux", même, car cela aura été étudié, analysé, mesuré... sur plus d'un cas ! (lire le billet de blog: "La science, l'ignorance, l'incertitude, cliquez-ici!)

Ne dénigrons pas complètement le savoir du gourou. Ce dernier a certainement réussi une prouesse dans sa compagnie. Parce que c’était lui, parce que c’était telle compagnie et parce que c’était dans tel contexte. "Le général ne l'emporte pas toujours sur le particulier," Olivier Sibony. 
Lisez-le: la simple transposition d'une recette miracle, d'une soi-disant panacée n'est jamais évidente, loin de là, et souvent mensongère . Vous devez toujours réfléchir à votre niveau: prendre en compte votre contexte, votre domaine d’activité, qui vous êtes, qui sont vos employés, qui est votre société (son modèle mental), comment votre société souhaite modeler l'avenir, qui sont vos parties prenantes, vos clients. 

Le management n’est pas qu'une simple et hasardeuse avancée pragmatique, ce n'est pas que des témoignages. Olivier Sibony signe un magnifique livre. Très instructif,  qui se lit rapidement. Olivier est professeur de management et pendant un temps a exercé de l’autre côté du miroir, dans le "vrai monde, dans le monde réel," comme il le souligne. Une double casquette qui rend ses écrits d’autant plus captivant et pertinent. Une frontière entre l'universitaire et l'homme ou la femme de terrain qu'il souhaite rendre plus poreuse: je veux "m'efforcer d'aider ceux qui le souhaitent à jeter des ponts, à commencer à explorer l'autre bord". Pourquoi ? Car les uns et les autres ont tant à s'apprendre, mutuellement.
Soyez dubitatif, interrogez les idées reçues, regardez avec recul les bonnes pratiques, testez, analysez, prenez le feedback, ayez l’esprit critique et lisez l’ouvrage d’Olivier Sibony !

Données techniques: Olivier Sibony: "Vous allez redécouvrir le management, 40 clés scientifiques pour prendre de meilleures décisions", Flammarion, mars 2020, 300 pages
Apprentissage, soumission et adaptation: danger et folie
05 juil. 2020
Une poussière de pensée et une question. Ne pas s’adapter au Monde ou s’y adapter pleinement, où réside la folie ? Où réside le génie ? Où réside le danger ? Et un danger pour qui, pour quoi ? Ne jamais rien dire de déplacé, ne jamais rien faire de choquant, d’énigmatique, d’étrange: suivre et être dans le groupe. Toujours énoncer ce qu’on pense, faire ce que l’on désire, être à la marge, en décalé, en dehors des clous: ne pas suivre et être individualiste. 

Depuis l’enfance on nous apprend la soumission à la raison, à la sagesse, aux normes (aux autres ?). Devenir des gens respectueux, convenables et convenus. On nous fait miroiter une vision manichéenne du Monde, de la vie en société: il y a le bien faire et le mal faire. 

S’oublier, se quitter soi-même. Renoncer à notre insouciance, à nos émotions, à notre vie dans le présent, dans l’ici et le maintenant. Renoncer à exprimer sans filtres nos pensées, à nous exprimer pleinement, à nous écouter, à être ce que l’on souhaite devenir. Le renoncement serait-il le fruit de notre apprentissage ?
Une société se construit sur le renoncement des individus à leur singularité. Pour qu’il y ait société, il faut avant de la norme. D’où le malaise: les individus sentent bien que cette norme triomphe au mépris de leurs singularités (Freud, Malaise de la civilisation). 
 
Consciemment et inconsciemment, c’est dans l’air: on nous forge, on nous forme, on nous conditionne. On découpe notre temps: un temps pour étudier, pour manger, pour dormir. On nous montre un chemin. On nous balise des itinéraires. On cadre nos décisions. On charge notre sac à dos: la vie est complexe, imprévisible et incertaine ; prémuni toi, au cas où.
Au cas où quoi ? Lourd fardeau que représente ce sac à dos que nous vidons au fur et à mesure de notre progression dans la vie, au fur et à mesure que nous nous affranchissons de tout ce qui est accessoire, de tout ce qui est anecdote, de tout ce qui est futile, pas indispensable. 

Tout le long de notre chemin de vie, on se décharge du superflu, des devoirs sociaux, personnels et professionnels. On vieillit, on a donné, on souhaite ne plus trop se prendre la tête, réfléchir. On se moque du qu’en-dira-t-on. On ose libérer notre parole, exprimer notre seconde jeunesse. Revenir vers soi-même, retourner à un essentiel. La vie est sans doute complexe et surement impossible à comprendre, mais tellement simple à vivre. Respirer, manger, dormir...Quand ? Quand le besoin s’en fait sentir. Quand l’existence se sent menacée. 

Une danse: vivre ensemble, un temps ; et vivre pour soi, un autre temps. Se déplacer dans LE cadre: et s'adapter pleinement. Se déplacer dans son cadre: et laisser souffler un vent de révolte. Vivre en harmonie dans le groupe, et vivre en harmonie avec son âme. Un mouvement, un jeu, qui ouvre des opportunités. Un non statu quo, une impermanence, des changements perpétuels, une évolution constante, existe-t-il un réel danger ? 
Soyons des fous, mais par intermittence ! 
Un début de journée, sans prétention, sans but, sans objectif...
14 mai 2020

Je n’ai pas encore vraiment quitté le corps du sommeil, un corps sans forme, sans force, flasque. Les yeux mi-clos j’écoute la rumeur du Monde qui me parvient par la fenêtre de ma cuisine, pourtant fermée. Quand je dis "Monde", lisez plutôt "de mon quartier".

Il y a quelques jours seulement cette rumeur n’était que silence. Aujourd’hui elle est volubile, trépidante: des voitures, des bus, des travaux.

J’ouvre la fenêtre et des lambeaux de conversations s'immiscent dans la pièce: des morceaux de phrases, des mots entrecoupés par le bruit d’un marteau piqueur. Je n’entends plus les oiseaux, ils ont dû partir à l’annonce du déconfinement. La vie, "virusée", petite et muette est devenue la vie, petite, assourdissante et hystérique.


Je remarque que le ciel nuageux est beau, tellement beau. Je l'admire. Le talent d’un artiste peintre serait nécessaire pour l’accueillir ; l'intermédiaire bruyant et maladroit des mots pour le décrire ne lui rendrait pas hommage - et briserait ce magnifique moment de contemplation.


La voix d’une enfant se fait entendre: “Pourquoi les gens portent des masques ? Ils ont froid au nez ? C’est pour cacher qu'ça sent mauvais.Je me dis que cette gamine va dans la parole avec toute la liberté et l'innocence de ses 4 ou 5 ans: sans filtres, sans jugements, elle dit ce qu’elle pense, tout simplement. Sans arrière-pensée. Ses paroles ne sont que des partages. Tellement d’effort et de concentration cette petite a dû manifester pour acquérir le langage qu’il est tout à fait compréhensible qu’elle l’utilise, et beaucoup. C'est surement le vocable qu’utilisent les parents: "beaucoup", et même "à tort et à travers", et même "silence !" ;p


Je suis là, et las, dans ma cuisine. Animée, néanmoins, d’une belle inertie: j’écoute, j'accueille, je regarde, j’oublie, sans trop réfléchir, sans trop commenter. C'est reposant !


Je jette un coup d’oeil à mon smartphone, qui à l’air tout sauf intelligent. Machinalement j’ouvre mon profil linkedin puis mon profil facebook. Je lis des citations ; je vois des articles de presse “réouverture des magasins, des files d’attente de quelques heures devant les enseignes de grandes marques” ;  je visionne des vidéos de gens dans le métro entassés les uns derrière les autres, mais avec des masques (une protection, certes, mais à ce stade contre quoi d'ailleurs ? La fétide haleine matinale des personnes, peut-être, la fillette a raison) ; je regarde une annonce qui me propose de gagner pleins d’argent en créant des formations en ligne tandis qu’une autre m’assure: “avec moi et ma méthode infaillible, tu auras pleins de prospects” et une dernière me propose de “re-gagner confiance en moi et de trouver un sens à ma vie”, etc. Je vais finir sûr de moi, riche et débordé et ce sera ça, le sens de ma vie ! Wahou, quelle harassante journée les médias sociaux me profilent. C'est moins reposant !


Mon café est prêt, je m'empare de mon mug, encore fumant, et je me dirige vers mon bureau. Dans ma salle de travail l’avocatier me scrute, m’interpelle, me supplie, presque. Je ne prends pas assez soin de lui, je l’avoue. Lui qui remplit de vie cette petite pièce de 9 mètres carrés. Je le néglige, je ne le remercie pas à sa juste valeur. J’oublie de le nourrir, de lui donner à boire, souvent. 

J’ai honte.

Je dépose ma tasse de café sur mon bureau, ce qui n'est pas aisé: mon bureau est un foutoir sans nom et sur lequel s'amoncellent des tas de papiers, une peau de banane et des résidus de tablette de chocolat, noir. Je prends mon petit arrosoir blanc et je vais le remplir: c’est l’heure du petit déjeuner !


Il est 9 heures, je bois mon café et la journée commence...


Surprise et épisode cosmologique: courage, résilience et bataille de la narration
25 mars 2020
Elle est là, tapi dans l’ombre, sournoise et moqueuse, n’attendant que son moment: son jour, son heure. Elle somnole, elle gigote, elle se tortille sous sa couette, elle serpente sur elle-même. Elle hésite: va-t-elle se lever ou va-t-elle rester couché ? Soudain, c’est l'illumination et elle apparaît: c’est la surprise, inattendue et parfois cruelle invitée. 

Rares sont les entreprises qui font l’éloge des surprises. Bonnes ou mauvaises, les sociétés ne les aiment pas - même si accueillir une bonne surprise est plus agréable. Épreuve d’un vrai courage, les surprises ont la fâcheuse habitude de leur montrer un autre visage de la réalité et de leur dire: vos croyances, vos modèles mentaux, votre perception - photo de la réalité - tout cela est maintenant faux !

Après tout, un modèle n’est qu'une simplification de la réalité, une simplification de la complexité du Monde. Une cartographie plus ou moins fidèle de notre environnement. Le postulat étant: comme tout prendre en compte n’est pas possible, alors prenons ce qui semble le plus pertinent. Tel un séisme balafrant votre bâtisse, la surprise laisse derrière elle une trace indélébile ; qui nous montre un écart entre la réalité et notre modèle mental.

Que faire ? La nier ou l’accueillir ; la fuir ou l’affronter.
A la balafre qui sillonne votre mur, vous pouvez soit choisir de la cacher - en y posant un papier peint, en y accrochant un tableau ou une tenture - soit l’examiner attentivement et colmater ce disgracieux et non désiré interstice. Comme l’explique Philippe Silberzahn: "Le propre d’une surprise est de mettre en lumière un élément de nos modèles mentaux (croyances profondes qui guident notre action) et de l’invalider. Notre modèle nous indiquait que le monde allait dans la direction A, mais il s’avère aller dans la direction B et nous sommes surpris. Cette surprise peut avoir des conséquences plus ou moins graves. La plupart du temps la réaction consistera à l’ignorer." Une réaction instinctive !

Osez regarder en face la surprise et creuser dans son sens, c’est faire preuve d’audace et de résilience. C’est aussi consommer une grande quantité d’énergie, et en terme de dépense d’énergie la tendance est souvent à la préservation: point trop n’en faut. 
Néanmoins, faire preuve d’aveuglement n’est pas toujours possible. "Si la surprise montre un décalage très important entre une croyance et la réalité, elle constitue ce que le spécialiste de la théorie des organisations Karl Weick appelle un épisode cosmologique, c’est-à-dire un choc particulièrement grave qui peut remettre en question notre identité-même: le décalage est trop important pour pouvoir être nié et l’événement est tellement inattendu et puissant qu’il ne peut être interprété par nos modèles mentaux existants, entraînant leur effondrement et celui de notre identité par la même occasion."

Paradoxalement, un épisode cosmologique, même puissant, peut renforcer un modèle mental existant. Pour ne pas avoir tort on va tout faire pour avoir raison, ; c’est comme l’expression, au niveau d’une l'entreprise ou d’une société, d’une sorte de dissonance cognitive*: "on va revisiter l'histoire, on va triturer le passé, on va se donner raison."
Nous sommes tous capables de croire des choses que nous savons être fausses, puis, quand notre erreur est finalement évidente, de déformer impudemment les faits afin de prouver que nous avions raison. Intellectuellement, il est possible de continuer à procéder ainsi pendant une durée indéterminée : seul s'y oppose le fait que, tôt ou tard, une conviction erronée se heurte à la dure réalité, généralement sur un champ de bataille, George Orwell 
Concrètement, quels sont les risques ?
  • On peut simplement tirer une mauvaise leçon de la surprise, 
  • On peut tenter, vaille que vaille, de faire des liens, aussi absurdes que grotesques pour arriver à une conclusion ubuesque que tout “sophiste” applaudira des deux mains en s'exclamant, goguenard: quel tour de passe-passe, quelle insolence, quelle foisonnante imagination ! Pléthore de gens sont tellement amoureux de leurs idées (et identifiés à elles) que tout est bon à prendre pour les confirmer: admirer avec quelle hardiesse certains récupèrent une cause ou un évènement pour leur gloire et leur vérité.  
Concrètement, que faire ?
  • Etre humble et se rappeler cette citation de Boris Cyrulnik: "Moins on a de connaissances plus on a de certitudes. Il faut avoir beaucoup de connaissances et se sentir assez bien dans son âme pour oser envisager plusieurs hypothèses.
  • Evitez de faire rentrer un rond dans un carré.
  • Agir avec un peu de recul, une fois l'émotion apaisée. 
Et comme le conclut Philippe: "Outre la gestion de l’événement lui-même, la clé pour un épisode cosmologique va donc consister à gagner la bataille de la narration, des modèles mentaux, pour faire accepter le sens que l’on va donner à l’événement." Faisons attention, soyons attentifs et écoutons d'une oreille critique et interrogatrice !
"La Rivière de la Surprise nous maintient fluides et flexibles, et nous demande de nous ouvrir à des options et des possibilités que nous pourrions ne pas avoir considérées. Les Inuits ont un proverbe à ce sujet : "Il existe deux plans pour chaque jour, mon plan, et le plan du Mystère," Angeles Arrien, "the Second Half of Life" 
* Notion de psychologie qui dispose que "nous déformons systématiquement nos souvenirs et nos récits de manière à maintenir la plus grande consonance possible entre ce que nous avons fait et ce que nous pensons être. Notre mémoire fait disparaître les dissonances. «Historienne révisionniste», elle réinterprète le passé à l’aune de nos intérêts présents," "Pourquoi j'ai toujours raison, et les autres ont tort", Carol Tavris & Elliot Aronson, Clés des Champs / Flammarion, 415 pages

Pour les citations de Philippe Silberzahn, lire son billet de blog:"Le coronavirus ou comment les crises bouleversent nos modèles mentaux"

Ode à la citation: une source, une aide, un tremplin et un mur
24 mars 2020
Gravées dans la mémoire, les citations nous insufflent de belles pensées. Elles nous portent et nous transportent. Elles font office de paravent, comme autant de phrases toutes faites que l’on peut lancer au cours d’une discussion: trait d’esprit et humour. Elles nous aident, elles nous soignent, elles nous subliment. Tout à la fois tremplin et mur, elles nous élèvent et nous tétanisent. Nous les jalousons, nous les adorons. Nous les citons tellement que, parfois, elles commencent à devenir nos citations - inconsciemment les sources s'oublient et la parole continue à couler à flot et noircie des pages vierges. Des citations, de citations de d’autres citations, n’est-ce pas par ces emprunts, conscients et inconscients, que s’écrivent les bouquins ? N’est-ce pas par ce vagabond chemin que se structurent les écrits ? 

User des citations comme un rempart, comme une frêle muraille entre vous et eux, entre votre pensée et le Monde, entre vous et ces gens qui peuvent vous juger. Elles font écran. Elles vous effacent. Elles vous cachent. Elles vous réconfortent. Elles vous permettent de briller en société, de passer pour une personne cultivée. Un érudit.

Des citations enveloppantes et développantes. Des citations qui vous protègent. Des citations qui vous "déresponsabilisent". Des citations qui témoignent d’une admiration, de celles et de ceux qui ont encrés ces mots les uns à la suite des autres pour en découvrir une poésie, une philosophie de vie. Ces mots qui brûlent en vous, qui attisent votre désir, votre curiosité, votre sens de la vie. Ces vocables qui s’embrasent, qui vous consument de l’intérieur, qui bouillonnent, qui vous transmettent de l’énergie. Des citations qui font sens, qui vous illuminent. Des citations que vous jalousez, parfois: "ah, que j’aimerai avoir dit cela". Des citations qui vous définissent, parfois: "oh, que cette phrase me correspond, me parle, me décrit". Des citations qui s’imposent dans votre vie, comme la soudaineté d’un orage. 

Des citations arrachées de leur texte, de leur contexte, et à qui nous donnons une autre destinée. Des citations qui marmonnent, qui soufflent une direction, un sens, une vérité, une signification - la vôtre, celle que vous leur inspirer. 

Des citations en vrac, sans liens raisonnable entre elles, et qui noircissent une page blanche. De la nourriture littéraire pour votre imagination. Des citations qui sont prétextes à amorcer la pompe à écriture, et dont le débit, ivresse de la confiance en soi, s'accroît au fur et à mesure que coulent les mots qui, agencés les uns derrières les autres forment des phrases, des descriptions, des concepts, puis des idées et des réflexions.

Des citations comme des invitations adressées aux grands écrivains, compagnons d’écriture, pairs d’un jour. Des citations comme autant de signes de respect, de gratitude, comme autant de merci adressés à ces plumes.

Des citations qu’on amasse et qu’on ramasse pour en faire des bouquets. De beaux bouquets colorés, ou de mornes et ternes bouquets ; tout dépend de votre humeur, de vos émotions, de votre chemin de vie.

Des citations qui fleurissent votre être, au gré de vos lectures et de vos découvertes. Des citations qui donnent un sens à votre existence. Un jour.
Puis, faute de les arroser, des citations qui ont tendance à se faner, à dépérir. Alors on les jettent, on s’en débarrassent. A cette âme, vase vide, on lui promet d’autres splendeurs, d’autres couleurs, d’autres variétés, d’autres végétations: des roses, des jonquilles, des oeillets, des alstroemeria et autres fleurs à la douce appellation latine. Autant de fleurs qui rempliront ce contenant laissé à sec. Cet être en mal de mots. Autant de citations qui viendront effacer les précédentes.

Merci les citations, merci pour ces beaux moments, pour ces beaux cadeaux. Pour votre inspiration. Et navré, parfois, de vous plagier, inconsciemment. Mémoire si intacte et si fragile.
I always have a quotation for everything it saves original thinking, Dorothy L. Sayers
Bienveillance: fausse mollesse, véritable remède et redoutable armure
23 mars 2020
Ce n’est pas parce que cela semble impossible que cela ne peut être vraie. Perdre ses repères habituels est déroutant ; mais ce n’est pas forcément un tort: cela peut signifier le début d’une nouvelle aventure, l’élargissement de son horizon. Et si nous perdions, le temps d’une lecture (et peut-être au-delà), nos repères ? Et si nous considérions que la bienveillance est susceptible d’agir à distance ; qu’elle peut même guérir des maux, apaiser la violence. Vous en doutez ? Vous avez probablement raison, et pourtant… 
L'ignorance provoque un tel état de confusion qu'on s'accroche à n'importe quelle explication afin de se sentir un peu moins embarrassé. C'est pourquoi moins on a de connaissances, plus on a de certitudes. Il faut avoir beaucoup de connaissances et se sentir assez bien dans son âme pour oser envisager plusieurs hypothèses, Boris Cyrulnik 

La bienveillance, une arme qui déstabilise 

Posez la question à votre entourage: qu’est-ce que la bienveillance, pour toi ? Des synonymes comme mièvrerie et mollesse se feront entendre dans une diatribe qui, ironiquement, se terminera par une référence aux bisounours ou au monde des petits poneys: c’est une fuite en avant, un refus de voir le monde tel qu’il est, vivre dans le mensonge ou dans le petit univers cotonneux des bisounours.

Au fond, c'est quoi la bienveillance ? "C'est d'abord s'intéresser aux autres, se rappeler qu'on est tous connectés, que pour être vraiment bien soi-même il faut être en harmonie avec les gens," explique Didier Van Cauwelaert, avant de rajouter : "C'est un plaisir solitaire aussi la bienveillance. C'est à la fois une armure, cela vous protège contre les effets secondaires du mal qu'on vous fait ou qu'on vous veut. Parce que si vous avez de la rancune, une envie de vengeance, cela va continuer à fabriquer des toxines en vous et finalement c'est l'adversaire qui gagne il continue à vous intoxiquer de l'intérieur. "

Si la haine répond à la haine, si le mal donne la réplique au mal, comment peut-il y avoir une fin ? Pour Didier Van Cauwelaert c'est impossible et : "c'est l'escalade. Cela ne mène nulle part. Si vous répondez par quelque chose de déstabilisant, vouloir le bien de quelqu'un, lui proposer autre chose, dans ce cas, vous le déstabiliserez. C'est une arme absolue parce que c'est une arme qui désarme". Ce n’est pas tout ! La bienveillance revêt d’autres formes: une arme tantôt magique ou mystique, tantôt pacificatrice et dont les incroyables effets sont d’aller vers un mieux-être et vers une baisse de la violence.

La bienveillance, une arme qui guérit 

Dans les années 2000, une étude sur "l’application clinique du pouvoir de l’esprit" est menée à l’hôpital Saint Luke de Kansas City, aux Etats-Unis.

"Le protocole est simple: on forme deux groupes, le premier composé de croyants divers, le second d’athées bienveillants, et on leur demande de se concentrer sur des numéros de lit. Ils ne connaissent ni les malades ni leur pathologie," explique Didier Van Cauwelaert dans son ouvrage "La bienveillance est une arme absolue", avant de renchérir: "Ils se contentent d’exprimer mentalement un espoir de guérison pour le 125 ou le 212. Et ce, à l’insu des malades. Portant sur un millier de patients, l’expérience met en évidence une baisse significative de la mortalité par cancer, une diminution de la pression artérielle, une amélioration des fonctions immunitaires et endocriniennes. Et on a pu constater que la prière des croyants comme les simples “bonnes ondes” envoyées par les athées semblaient avoir un effet comparable."

D'ailleurs, "cette incroyable faculté de la pensée humaine se vérifie dans un cas de figure beaucoup plus courant: l’effet placebo. En moyenne, 35 % de sujets traités à leur insu avec des substances neutres n’ayant aucune propriété thérapeutique, présentent des améliorations significatives, prouvant par là non pas que le médicament réel est inefficace, mais qu’il peut être significatif." Aussi, l’efficacité de l’effet placebo semble proportionnelle "à la puissance prêtée au traitement qu’on a illusion de suivre."

La bienveillance, une arme qui arrête une guerre 

"A la fin des années 1980, en pleine guerre entre Israël et le Liban, des universitaires américains lancèrent, sous le nom “projet international pour la paix au Moyen-Orient", une expérience tout à fait inédite, avec l’accord de l’Organisations des Nations unis. Il s’agissait d’envoyer sur les lieux ravagés par le conflit un commando de "rêveurs d’élite", entraînés à la bienveillance offensive, avec pour mission de se réjouir en éprouvant un sentiment de paix, comme si la guerre était déjà finie (...) Aussi incroyable que cela paraisse," raconte Didier Van Cauwelaert, "sur tous les lieux de combat traversés par cet escadron de “casques roses”, comme les surnommait le philosophe Jean-François Revel, la paix dont ils se félicitaient devenait une réalité. Arrêt des actions terroristes, baisse significative des attaques et des ripostes, respect spontané de trêves inattendues, fraternisation des factions rivales…"

La bienveillance, une arme qui calme un virus ?

Le virus qui sévit en ce moment a bien compris une chose fondamentale: être petit n’est pas une faiblesse. L’important c’est d'être organisé, d'être patient et de prendre son temps. Et si, nous aussi, à notre échelle (individuelle), nous faisions le nécessaire et que nous passions à l’action en utilisant cette arme absolue qu’est la bienveillance ?

Étymologiquement, la bienveillance veut dire "bien veiller / vouloir du bien". Que ses effets soient réels ou non, que vous y croyez ou non, nous pouvons faire comme si cela fonctionnait. Et si nous pratiquions, chacun chez soi, sans honte et sans crainte, la bienveillance ? Même 5 minutes ! Que risque-t-on ? Rien, et comme l’écrit Didier Van Cauwelaert, "à défaut de changer le monde du jour au lendemain, la bienveillance lui redonne des couleurs et compense les déceptions qu’il nous inflige." Déculpabilisons-nous, sortons nos plus belles pensées, colorons le monde et soyons bienveillant !

Données techniques: "La bienveillance est une arme absolue", Didier Van Cauwelaert, éd. l'Observatoire, novembre 219, 271 pages
A la Banque du temps et loi de Pareto et d'Oterap: qu'allez-vous faire de vos 86400 secondes ?
21 mars 2020
Sans exception et jusqu'à la fin de votre vie, la banque du temps crédite chaque jour votre compte courant de 86400 secondes. Aucune épargne n’est possible, aucun remboursement n’est accordé. Au delà de ces deux contraintes, libre à vous d’utiliser votre crédit temps comme bon vous semble - et c’est bien là le problème ! 

Une distribution égalitaire

Fait remarquable et unique dans cette distribution temporelle, c’est qu’elle est strictement égalitaire. Personne ne peut disposer de plus de secondes qu’une autre ! La journée est la même pour tous: 86400 secondes, 1440 minutes ou 24 heures. En revanche, chacun est maitre de sa perception du temps qui, de secondes en secondes, s'égraine. Vous avez l'impression que ça va vite ? Que tout s'accélère ? Que le temps s'écoule lentement ? C'est votre perception.

Un brusque arrêt du temps / Dressez le bilan


Fait immuable: votre temps est limité. Un jour, vous vous rendrez à la banque du temps et le retrait ne sera plus possible. Vous vous plongerez dans vos souvenirs, dans votre passé ; votre cerveau projettera les films de votre vie. Une filmographie en dent de scie: des collaborations malheureuses, des erreurs de casting que vous voudriez effacer de votre mémoire, des scénarios abracadabrant que vous n’assumez guère avoir, un jour, défendu. Vous vous poserez surement ces questions: qu’ai-je fais de mon temps ? Qu’ai-je accompli ? Est-ce cela que je souhaitais accomplir ? Ai-je fais de mon temps un usage raisonnable, pertinent et efficient ? Est-ce cette trace que je souhaitais laisser sur Terre ? Ne me suis-je pas laissé trop distraire ?

Les grandes distractions ou la peur de suivre son chemin, de danser autour de son étoile

Quitter le jugement du regard des autres et vivre la vie que vous souhaitez vivre, et n’on pas celle que l’on a tracé pour vous ; voilà un beau voyage. Pourtant, famille, amies, administration, etc. tous peuvent tenter, par divers moyens de pression - et parfois avec de belles intentions - de vous distraire, de vous faire revenir sur terre ("tu as la tête dans les étoiles et tu n'as pas les pieds sur Terre"). Comment s'y prennent-ils ? Par des compromis (commence par ceci, assure ta sécurité et après tu verras), par des négociations, par la peur (et quelquefois ce sera même la projection de leur propre peur). Alors, capitaine, oh capitaine, vous dirigez votre navire vers une existence subie ou vers une existence voulue ?
Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit, Khalil Gibran 
Vous souhaitez un succès assuré ? Pas de problème: si vous voulez une garantie, achetez-vous un aspirateur. Le succès ne se découvre pas, il s’invente, il se construit, patiemment. Parfois il vous pose un lapin. Parfois il vous indique une mauvaise adresse. L’idéal est donc d’emprunter l’approche effectuale et sa notion de perte acceptable (en terme de temps, d’argent, d'énergie: que suis-je prêt à perdre pour ce projet ? En incertitude il est plus sage d'envisager la perte acceptable que le gain attendu). Bien entendu, suivre son étoile n'est pas un chemin aisé. C'est un sentier escarpé, caillouteux, mal indiqué, qui peut vous faire glisser, chuter, échouer. "Aussi étroit que soit le chemin, Bien qu’on m’accuse et qu’on me blâme : Je suis maître de mon destin ; Et capitaine de mon âme," William Ernest Henley

Les petites distractions, anodines et chronophage: un peu c'est bien, sinon...

Toutes ces notifications qui s’affichent de manière visuelle et sonore sur nos smartphones. Sans oublier cette sérendipité qui nous guette à chacune de nos recherches sur le web. Dans notre vie empreinte de technologie, il existe pléthore de petites distractions: y succomber est aisé, et au cumul elles consument (dilapident ?) notre crédit temps ! Reprendre le contrôle de ces petites distractions et choisir quand vous souhaitez vous distraire, plutôt que de subir la distraction, voilà un beau challenge. Allumez vos smartphones à des heures précises, cadrer vos recherches web.

On apprend en écoutant, on n’apprend rien à s’écouter 

Me lancer en tant qu'indépendant, ouvrir mon entreprise, quitter mon job actuel, me former à une autre discipline, devenir parent, me marier, etc. dans votre vie, vous avez sans doute des projets (professionnels et personnels) et de très bonnes raisons de ne pas les accomplir. Sans doute vous vous dites: pas maintenant, je ne suis pas prêt. Bonne nouvelle, vous avez raison ! Toutefois, c'est oublier que dans la vie il n’y a pas de bon moment. Acceptez-le, et vous économiserez du temps. Acceptez-le, et posez dés maintenant des actes, même minimes. Mettez-vous en action, reposez-vous souvent, prenez du recul parfois, intéressez-vous à des choses qui n’ont pas d'intérêts pour vous, parlez autour de vous de vos pensées et de vos projets, écoutez attentivement les réponses et les paroles des gens que vous croisez (ils ont des informations que vous ne disposez probablement pas). Et rappelez-vous la loi de Pareto et de sa jumelle maléfique: la “verlante” loi d’Oterap.

Loi de Pareto / Loi d'Oterap: anagramme et notion de tâches chronophage

Si la loi de Pareto* suggère que 80 % de vos résultats sont l’oeuvre de 20 % de vos efforts, la loi d’Oterap expose que vous consacrez souvent 80 % de votre temps à des tâches qui ne sont pas de vos compétences et pour lesquelles vous ne faites pas la différence qui fait la différence. Si ces tâches vous prennent du temps, vous abrutissent, et décompte malicieusement les secondes que la banque du temps vous a octroyé, elles ont l'avantage de vous donner raison: "Vous avez vu, vous êtes témoins, je n’ai pas le temps de me consacrer à mes projets. " Vraiment ?

Alors, qu'allez-vous faire de cette journée ? De vos 86400 secondes ? Ici, écoutez vous et faites fi du brouhaha ambiant, écoutez vos aspirations, vos passions, vos coups de gueule, et changez votre réalité.

N.B.Vous voulez une recette ?  Il n'y en a pas vraiment, mais il existe une liste d'ingrédients que vous pouvez cuisiner à votre façon:
  • Vous, avec vos connaissances actuelles et futurs, 
  • Vos relations,
  • Votre appétit de façonner/ construire votre environnement, d'y croire, de modeler la réalité via la perception que vous en avez - notre conscience crée la réalité
  • Votre acceptation de réagir en perte acceptable, 
  • Votre acceptation d'accueillir les surprises (et d’en faire quelque chose), 
  • Votre écoute, 
  • Votre confiance en vous !
  • Lisez ce billet de blog sur l'effectuation !
* ou plus généralement 80 % des effets sont le produit de 20 % des causes
Aux auteurs inconnus des livres
05 mars 2020
Jack est écrivain. Jack s’inspire en lisant le monde, et en lisant des livres. Son bureau est un labyrinthe bricolé d’un dédale de livres: des piles et des piles de bouquins jonchent le sol, forment des murs, flèchent une direction vers un confortable siège en cuir rouge qui loge devant une fenêtre qui donne sur son jardin - une peinture vivante et mouvante dont il ne se lasse pas. 

Jack ne prend jamais de note. Jack ne crois pas en la vertu des copions. Jack laisse s’infiltrer dans son cerveau les mots, les phrases et les paragraphes qu’il découvre au fil de ses lectures. Comme le sachet de thé qui infuse lentement dans l’eau chaude, son cerveau bouillonne au contact des écrits: mouvement brownien de lettres, chaos de mots et de phrases qui s’entrechoquent. 

Jack a confiance. Jack fait confiance en la métamorphose de toutes ses pages lues, de toutes ses pages passées en lui, de toutes ses rencontres littéraire - ce que transmet un ouvrage c’est aussi la présence de son auteur, de son âme. 

Au moment d’écrire Jack est chef d’orchestre. Jack se laisse surprendre par la musicalité des mots qui lui viennent en tête, par l’improvisation de ses musiciens: tous ces auteurs lus qui, dans un mélodieux brouhaha, s’expriment. Jack accueille alors les phrases qui émergent comme autant d’hommages à ses pairs et qui noircissent ses pages blanches. 

Tous les ouvrages de Jack commencent par la même phrase - Aux auteurs inconnus de ce livre: vous, nous ! Merci ! 
 “Un livre, un vrai livre, ce n’est pas quelqu’un qui nous parle, c’est quelqu’un qui nous entend, qui sait nous entendre, “C. Bobin 

A lire: Mémoire, oubli, plagiat, incubation et admiration: une quête de soi. 
Lorsque l’on évoque le passé, que l’on fait appel à nos souvenirs, peut-on parler de vérité historique ? Ou doit-on assumer une simple vérité individuelle et subjective ? La mémoire est dynamique, varie avec le temps et l’oeil de l’esprit est rarement emmétrope: parfois myope, parfois astigmate, parfois presbyte, parfois aveugle. La mémoire est souvent plus une auteure de roman fictionnel (frictionnel ?) qu’une factuelle historienne. C’est aussi sa force, et une source de notre créativité. Lire la suite !
Si un projet était comme une cascade de domino
04 mars 2020
Et si un projet était comme une cascade de dominos ? Enfant, peut-être avez-vous joué à la cascade de dominos ? Le principe est simple: vous alignez consciencieusement et avec délicatesse des dominos les uns derrières les autres. 

Attention ! L’espace laissé entre eux est important: chaque pièce ne devant n’être ni trop éloignée, ni trop proche les unes des autres - sinon la magie n'opère pas ! Lorsque votre parcours est balisé il vous suffira de donner une pichenette sur le premier domino. Ce simple et nonchalant geste libérera ainsi une vague destructrice ; une fluide et inarrêtable réaction en chaîne qui fera se coucher chaque domino. Sans exception !

Dans l’American Journal of Physics, le physicien Lorne Whitehead écrivait en 1983 que si un domino peut en renverser un autre, il peut aussi faire tomber un objet qui est 50 % plus grand que lui. En outre, chaque domino qui s’écroule libère une quantité d’énergie. Dès lors, plus nous en alignons, plus cette quantité d'énergie s'accroît, plus nous emmagasinons d’énergie.


Comme l'explique Lorne Whitehead: pour faire tomber le premier domino d'une taille de 4,76 millimètres de large et 9,53 millimètres de haut, une chiquenaude de 0,024 micro joule suffit - en d’autres termes, une énergie de départ qui est très, très faible. Le domino numéro 13, qui affichera une taille de 305 millimètres de large et de 610 millimètres de haut, libérera de son côté une énergie de 51 joules - donc, impulser une énergie de 0,024 micro joule au départ libèrera au final une énergie de 51 joules: soit un facteur d'amplification de 2 milliards. Dès lors, quelle taille pourrait avoir le domino numéro 32 ? La taille des tours jumelles World Trade Center, répond Lorne Whitehead.

C’est comme pour vos projets: vous alignez vos dominos, vous en mettez un par-ici et un par-là. Certains dominos représentent vos compétences, d'autres votre savoir-être, d’autres vos réseaux, d’autres des parties prenantes, d’autres des surprises qui, parfois, se présentent en cours de route. Une chiquenaude et hop, le projet se met en branle !
  • Parfois tout fonctionne, les dominos sont correctement alignés et le projet s’exprime pleinement ! 
  • Parfois vos dominos sont trop rapprochés les uns des autres ; et la vague ou la cascade s’arrête! Peut-être faut-il supprimer l'un de vos dominos ? Ou peut-être faut-il tous les décaler ? 
  • Parfois la cascade stoppe car un domino n’arrive à atteindre un autre. Peut-être que deux de vos dominos sont trop éloignés l'un de l'autre et qu’il faut les rapprocher ? Ou peut-être en manque-t-il un pour faire le lien ? 
Accueillir les surprises, persévérer, aligner et réaligner vos dominos, changer le parcours et donner et redonner une pichenette au premier représentant de la caste domino: le chemin peut-être laborieux, sinueux et long. Toutefois, à un moment donné, à force de construire et de déconstruire votre cascade de dominos, vos efforts seront récompensés. Et devant vous, inarrêtable, incoercible, se dessinera une magnifique vague qui déferlera dans l'environnement que vous lui avez offert, et créé. Elle sera sans doute différente de celle que vous aviez imaginé, mais elle sera là, bien présente, bien réelle. Rapide et puissante, elle ira de l’avant ! Votre rôle: l'accompagner. 

Et peut-être s'inspirer du "principe taoïste de wu wei, le non-agir: "Le non-agir consiste à faire juste ce qu’il faut pour que les choses se fassent d’elles-mêmes." Cela signifie qu'il ne faut pas forcer le résultat mais créer les conditions pour qu'il advienne tout seul," Isaac Geetz, "L'entreprise altruiste."

"Préserve-toi en suivant les méandres naturels des choses et n’interviens pas. Rappelle-toi de ne jamais te défendre contre la nature; ne sois jamais en opposition frontale à un problème, mais contrôle-le en t’équilibrant avec lui," instructeur de Bruce Lee

Vimeo create: outil de création de vidéos courtes et de haute qualité pour les réseaux sociaux
03 mars 2020
Vimeo create permet de réaliser facilement, et pour un très faible coût (de 16 à 70 euros par mois), de courtes vidéos. Que vous pouvez directement partager sur les réseaux sociaux, que vous pouvez publier sur viméo, que vous pouvez télécharger. 

Une impressionnante bibliothèque d'archives vidéos, photos et de musique 

Vimeo create propose une impressionnante bibliothèque d'archives vidéos, photos et de musique que vous pouvez utiliser, dans laquelle vous pouvez puiser sans surcoût.
Aussi, à tout moment, vous pouvez personnaliser vos différents écrans en modifiant: les couleurs, les typographies, les transitions entre les différents écran, la mise en page, etc.

Un accompagnement dans la réalisation de vos créations 

Si vous ne souhaitez commencer “from scratch”, à partir de rien, Vimeo create vous propose des modèles que vous pouvez, à votre guise, modifier. En fonction de vos objectifs, les exemples de vidéos à personnaliser sont classés dans 6 thématiques: Vente de produits, Générer du trafic, Moments saisonniers, Acheter ce produit, À venir, Annonces commerciales.

Testé la semaine passée, et afin d'apprécier le service, voici trois vidéos récemment réalisées avec Vimeo create!


  • Courage, c'est la fin de la semaine !

  • La règle des 3,5 % d'Erica Chenoweth


  • Du Multitasking au Switchtasking


Pour aller plus loin: présentation de l'outil de création de vidéos PlayPlay, via ce lien !
Du Multitasking au Switchtasking, se disperser et s'épuiser au travail
26 févr. 2020
Chaque jour, nous disposons d’une réserve limitée en matière de temps et d’énergie. D’où cet adjectif à la mode: multitâche. Être multitâche et faire toujours plus en même temps. C’est comme si être productif signifiait être occupé. C’est comme si être occupé signifiait rentabiliser son temps en faisant un tas de choses à la fois. C’est comme si ne faire qu’une tâche à la fois était mal, signe d’un aveu de faiblesse. Sommes-nous réellement "multitâche" ? Le "multitasking" n’est-il qu’une illusion mentale ? Le "multitasking" affecte-t-il notre santé/bien-être ? Quels effets à court-terme ? Et existe-t-il des effets à long-terme ?

Je crois que nous avons plus d'idées que de mots ; combien de choses senties qui ne sont pas nommées ! Denis Diderot
Se disperser c’est s'épuiser, et c’est risquer de ne rien accomplir. Chaque jour plus de 60 000 pensées naissent et disparaissent dans notre cerveau: soit 2500 par heure ou 41 pensées par minute ! Avec toutes ces d’idées qui se bousculent dans notre caboche, chaque jour est donc un défi d’attention pour ne pas succomber à l’ivresse de cette profusion mentale, pour ne pas s’égarer sur le sinueux chemin de la sérendipité, et pour ne pas être tenté - vaine utopie - de leur donner suite.

Du Multitasking au Switchtasking 

C'est possible ! Nous pouvons effectuer deux choses à la fois. Toutefois, à l’exception de tâches automatiques telles que digérer ou respirer, nous ne pouvons pas nous concentrer pleinement sur ces deux activités en même temps. En réalité, notre cerveau zoome et dézoome, jongle, passe d’une tâche à une autre, glisse d’une activité à une autre sans être capable de complètement canaliser son esprit sur chacune d’elle. C’est pour cela que le "multitasking" est souvent rebaptisé le "switchtasking", c’est-à-dire jongler d’une tâche à l’autre. En d’autres termes, nous pouvons être multitâche, mais avec une attention divisée/diluée - et avec une efficacité réduite. Faire deux choses à la fois c’est souvent: soit n’en faire aucune correctement, soit en privilégier l’une par rapport à l’autre. Même si nous ne sommes pas à l'abri d'un double succès ! Doit-on pour autant s'en féliciter ? Sans doute pas, et le meilleur juge: c'est vous ! Interrogez votre corps, votre fatigue, votre taux de cortisol (souvent dénommé l'hormone du stress), votre relation avec votre famille et vos amis, votre patience ou impatience, votre humeur, votre état d'esprit, etc.

Multitasking: heurts et malheurs 

Anticiper une tâche à venir perturbe la performance de celle qui en cours de réalisation. Passer d’une tâche à une autre à un coût: à chaque transition d’activité nous perdons du temps. Comme l’écrivent Gary Keller et Jay Papasan dans leur ouvrage "The one thing": "Les chercheurs estiment qu'un employé est dérangé toutes les onze minutes, et perd presque un tiers de sa journée à se remettre de ces distractions." Aussi, "le coût, en terme de temps supplémentaire imposé par l’alternance des tâches, dépend de la complexité ou de la simplicité des tâches. Cela peut aller d’une augmentation de 25 % ou moins pour une tâche simple, à plus de 100% pour une tâche très compliquée."

Ce va et vient dans l'exécution de tâches différentes nous dissipe. Et cette distraction nous fait perdre du temps: le multitâche prolonge la durée d'accomplissement d’un quelconque labeur. Plus précisément, c’est dans le processus de changement d’activité que le multitâche nous fait perdre du temps. En effet, notre cerveau a besoin de temps pour quitter une tâche et s’adapter à la nouvelle ("Multitasking: Switching costs. Switching" costs cut efficiency, raise risk, par Joshua Rubenstein, Jeffrey Evans et David Meyer, 2001). Ce phénomène, qui se nomme le "switching", peut prendre entre quelques dixièmes et plusieurs secondes.

Dans leur ouvrage "The one thing", Gary Keller et Jay Papasan proposent une liste qui résume la manière dont le multitâche nous court-circuite:
  • "Votre cerveau a une capacité limitée. Vous pouvez le diviser autant que vous voulez, mais cela vous coûte en rapidité et en efficacité."
  • "Plus vous passez de temps sur une autre tâche, moins vous aurez de chances de reprendre la première. C’est comme ça qu’on se retrouve avec un tas de choses à “finir.”
  • "Passer sans cesse d’une activité à l’autre vous fait perdre du temps à chaque fois que le cerveau se réajuste. Les millisecondes s’additionnent.
  • Les adeptes du multitâche "chroniques développent un faux sentiment du temps qui leur est nécessaire pour accomplir quelque chose. Ils pensent presque toujours qu’une tâche prend plus de temps qu’il n’en faut vraiment.
  • Les adeptes du multitâche "font plus d’erreurs que ceux qui restent concentrés." Ce à quoi l’étude - "The Cost of Interrupted Work: More Speed and Stress" de Gloria Mark, Department of Informatics University of California, et Daniela Gudith and Ulrich Klocke, Institute of Psychology Humboldt University - répond que les personnes "qui sont interrompus dans la réalisation de leur travail développent un mode de travail plus rapide pour compenser le temps perdu (...) avec une qualité du travail qui est intacte (...) Cependant, travailler plus vite avec des interruptions à un coût: une charge de travail plus importante, plus de stress, plus de frustration, plus de pression et d’effort." Donc le multitasking nous fait bien perdre du temps. Néanmoins, nous nous adaptons, nous compensons, nous développons des "stratégies de travail" afin de le récupérer.
Dès lors, afin d'accomplir sereinement et convenablement nos diverses tâches quotidienne, nous pourrions:
  • Adopter la soustraction (et non l’addition): faire moins et mieux
  • Hiérarchiser nos priorités: "Les choses qui importent le plus ne devraient jamais être à la merci de celles qui importent le moins", Goethe

Le multitasking: pour ou contre ?

Le multitasking est grisant: accomplir tant de choses en même temps dope notre système dopaminergique qui inonde notre cerveau de dopamine (qui nous procure une sensation de plaisir). Addict à cette substance à l'effet éphémère, le cerveau cherche, à chaque instant, son shoot et tente ainsi de nous distraire, tente de nous faire passer d'une activité à une autre.  Car il le sait: si nous succombons à cette tentation il aura sa dose. Un rapport à rédiger, un email lu, un email répondu, une vidéo youtube visionnée, un coup de téléphone à passer rapidement, retour au rapport, etc. Notre égo est flatté: que suis-je capable de faire en même temps ! Et pourtant: sans "switcher" d'une activité à une autre, nous aurions pu être tout aussi performant (sinon plus). Nous aurions pu achever d'écrire notre rapport sans stress, sans précipitation. Nous aurions été moins fatigué. Nous aurions moins subi. Nous nous serions, sur le long-terme, préservé. Oui, le multitâche est possible. Oui, d'une certaine manière nous en sommes capables. Oui, le multitasking nous berce d'illusion quant à notre efficience au travail. 
Rupture, innovation, dilemme de l'innovateur: Clayton Christensen
23 févr. 2020
Pourquoi votre entreprise n'innove pas ? Et si l’absence d'innovation était le résultat du passé ? Et si le fardeau d’une société solidement établie était son historique ? Les entreprises existantes sont souvent incapables de tirer parti des ruptures qui se présentent dans de leur environnement. "Cet échec n’est dû ni à un manque de ressources, ni à un manque d’informations, ni à la vitesse du changement. Au contraire: le piège est la lenteur avec laquelle arrive la rupture, et au modèle d’affaire et à l’identité de l’entreprise elle-même. L’échec face à une rupture a d’abord et avant tout une cause interne," Philippe Silberzahn

La rupture, selon Clayton Christensen, professeur à la Harvard Business School et ancien consultant du Boston Consulting Group (BCG)

  • Une rupture est un processus, pas un événement soudain 
  • Une rupture "puise" ses premiers clients dans ce qu’on appelle les non-consommateurs 
  • Une rupture est un défi pour un acteur en place parce qu’elle représente un modèle mental nouveau et en contradiction avec son propre modèle, sa propre façon de percevoir le monde.
A lire: Innovation: Ce que nous devons à Clayton Christensen, théoricien majeur du management, de Philippe Silberzahn

Pour en savoir plus, cette vidéo: 


Antilles / métropole: deux visions du Monde
21 févr. 2020
Jeudi 6 février 2020, je quitte l'atmosphère sur-climatisé de la carlingue volante qui me dépose aux Antilles. Sur place, il est cinq heures plus tôt. Sur place, il fait chaud, très chaud: j'enlève mon pull qui commence à absorber ma sueur, et je rêve d’enfiler un short et de ranger mon pantalon. Belge d’adoption, j’ai récemment séjourné - seulement 10 jours - aux Antilles. Visuellement, le dépaysement fut saisissant: le soleil, la plage, le rhum à bas prix, la nourriture à très haut prix, etc. Culturellement, j’ai vécu un réel contraste. Ce qui m’a totalement déconnecté pendant cette période de vacances, c’est la façon dont les Antillais abordent la vie et conçoivent le Monde. Culture / modèle mentaux / et réflexion "pilier de comptoir" sont au programme de mon épopée antillaise, intéressé(e) ? 

Le voyage comme soupape de sécurité ! 

Voyager, c’est parfois fuir. Fuir son quotidien, fuir sa vie professionnelle et personnelle, fuir un état d’esprit, une culture. Voyager pour oublier, pour prendre du recul, pour se déconnecter, pour récupérer, pour recharger ses batteries. Voyager pour découvrir d’autres manières d’envisager et de percevoir le monde, pour apprécier d’autres manières de vivre, de côtoyer ses semblables. C’est fous de constater les objectifs que nous souhaitons atteindre en voyageant, en partant en vacances. Peut-être est-ce encore plus fous d’accepter tout ce que l’on endure dans notre vie de tous les jours et de mettre en place cette soupape de sécurité: le voyage ? Fuir les problèmes au lieu de les mettre à jour, de les discuter, de les affronter et de proposer d’autres alternatives.

#Différence anecdotique numéro 1: dire bonjour aux inconnus, c’est louche ! 

Vous vous souvenez de cette publicité pour une banque dans laquelle un petit garçon flâne dans la rue et clame, d’une voix enjouée: “bonjour ”, à des inconnus ? Tous, sans exception et sourires aux lèvres, lui répondent. Au fil des secondes, le gamin continu à déambuler dans la ville: plus il marche, plus il grandit, plus il vieillit. Il salue toujours de bon coeur les passants, mais les réponses se font de plus en plus rares. Arrivé à l'âge adulte, les promeneurs urbain cessent de lui répondre et regardent avec méfiance ce gamin devenu Homme: qui est-il ? que me veut-il ?
Aux Antilles, dans les rues, il n’est pas rare que des inconnus te disent bonjour. C’est normal, c’est poli, ça crée du lien.

#Différence anecdotique numéro 2: louer une voiture, ce n’est pas donnée à tout le monde ! 

En métropole, il y a deux ans, j’ai voulu louer une voiture dans le sud de la France. Mon problème: ma carte Mastercard n’affichait pas un solde créditeur sur mon compte courant qui satisfasse mon agence de location - pas assez de liquidité pour “garder en escroc” le montant de ma caution. L’empreinte de ma carte ne pouvant se faire, créatif, je suggérais d’autres solutions. De vaines tentatives: "non, monsieur, il n’y a aucune autre possibilité et vous ne pouvez pas retirer votre voiture."
Aux Antilles, de nouveau, cette histoire de caution est revenue polluer (me hanter ?) ma location de voiture. Je redoutais le verdict. J’ai été agréablement surpris d’entendre “pani pwoblem”, d’avoir une personne à l’écoute et que l’on me propose des alternatives. Envisagées, testées, l’une d’elles a été possible et j’ai pu louer ma voiture.

#Différence anecdotique numéro 3: de l’aide ? Pani pwoblem 

Aux Antilles, je souhaite me rendre en bus dans une ville précise. Souci: je ne trouve pas l’arrêt, et j’ai du mal à comprendre comment fonctionne le réseau autobus. Je m’arrête alors dans une boulangerie, vide de clients, et je demande ma route. L’employée prend du temps pour savoir où je souhaite aller, m’explique comment, et où se trouve l’arrêt en question. Au fur et à mesure de ses explications, la boulangerie se remplie: une, deux, trois personnes. Je m’en inquiète, je stress, j’ai l’impression de ressentir une impatience - car je suis habitué à ressentir une impatience dans ses moments là, en Belgique ou en France. Je me trompe ! Les clients écoutent et se mêlent à la conversation pour combler les explications de ma guide improvisée et afin d’être certain que le touriste que je suis trouve sa destination.

Des modèles mentaux différents: la Métropole et les Antilles, le contraste ! 

Entre la Métropole et les Antilles, la façon d’aborder le rythme de vie, les relations humaines, la culture, les modèles mentaux, les croyances, etc. est saisissante.
  • En métropole, le temps passe, et s’écoule vite. Chaque individu semble esclave du temps qui passe. Chaque individu semble courir après le temps: il faut le rentabiliser. Avec cette croyance: être productif, c’est être occupé, et être occupé c’est faire plusieurs choses en même temps. Le stress est palpable. Ce qui compte, c’est soi: pas la communauté. La méfiance et la peur régissent le rapport à l’autre. En métropole il y a beaucoup de procédures, de règles et y déroger est impensable - et à l’insolent qui pense passer outre le protocole, tout devient alors impossible ! "On n’y peut rien, c’est comme cela, je ne peux rien faire sans remplir ces champs, j’aimerai vous venir en aide, mais ces demandes viennent d’en haut, de l’autorité, des dirigeants, etc."
  • Aux Antilles, sans pour autant faire l’éloge de la lenteur, on semble vivre avec le temps - et pas contre le temps. Il y a des règles, des procédures, mais il y a avant tout des gens et des particularités. Partant, les contraintes s’assouplissent, l’expression créole "pani pwoblem" se fait entendre et des solutions sont trouvées. C’est une approche plus effectuale: on envisage la situation avec ce qu’on l’on a sous la main, on accueille les surprises, on travaille en collectivité / avec des partie prenantes, on pense perte acceptable, on prend la responsabilité des décisions, on modèle l’environnement, on agit selon nos compétences. Des visages avenants, des sourires, un tutoiement facile, un stress qui ne se fait pas ressentir. Un taxi ne part que s’il est rempli, un commerce affiche des horaires à titre indicatif, etc.
Bien entendu, des horaires flexibles, un taxi qui ne prend la route si et seulement si toutes les places assises sont occupées (et non pas à heure fixe), ce sont autant de situations qui peuvent heurter un badaud qui vit en métropole. Personnellement, j'ai vécu mon éphémère moment: mais quelle blague !

Métropole / Antilles, ce sont deux cultures, deux modèles mentaux qui s’expriment - et qui se confrontent, se critiquent, se jugent. Un modèle n’est pas mieux qu’un autre. Nous avons chacun des affinités pour l’un ou pour l’autre. Aussi, c’est un processus évolutif. Parfois, selon son chemin de vie, il est possible de bifurquer, de préférer une tendance à une autre. A titre personnel, je trouve l’approche antillaise séduisante. Et j’en viens donc à me poser ces questions: comment en sommes-nous arrivés là en métropole ? Comment avons-nous pu construire un système si désincarné, si éloigné des êtres humains ?  Si individualiste ? Si orienté: je n'ai pas confiance en mon prochain ?

Je ne sais pas si ce système a toujours été présent, ou s'il s'est peu à peu immiscé pour, finalement, s'imposer. Toujours est-il que vivre avec le temps, se mouvoir dans ses secondes qui défilent et ne pas se battre contre le tic tac du temps qui s'écoule est plaisant, plus respectueux des êtres humains. Un cadre plus flexible. Source de moins de stress. Que pouvoir compter sur les autres est bénéfique. Trouver un bon compromis entre notre individualité et la communauté peut-être une source d'épanouissement et de bien-être.
Tout cela me fait penser à l'ouvrage d’Hector Garcia et Francesc Miralles intitulé "Ikigai, les secrets des japonais pour une vie longue et heureuse". L'ikigai signifie "raison d’être", "joie d'être toujours occupé", et selon les natifs de l’île d’Okinawa, l’Ikigai est la raison pour laquelle nous nous levons chaque matin.

Un peu d'Ikigai ? Sens et raison d'être

Dans leur ouvrage, Hector Garcia et Francesc Miralles aborde une tradition présente sur l'île d'Okinawa, le Moai. Selon les auteurs, "le Moai est une tradition d’Okinawa, et destinée à établir des liens solides dans les communautés locales. Le moai est un groupe non officiel de gens aux intérêts communs qui s’entraident. Pour beaucoup, le service rendu à la communauté devient l’un de leurs Ikigai. L’origine des moais remonte au temps difficiles quand les agriculteurs se réunissaient pour échanger des informations sur les meilleurs méthodes de culture et la façon de se soutenir en cas de mauvaise récolte. Les membres d’un moai doivent verser une somme mensuelle préétablie qui leur permet d'assister à des réunions, des dîners, des parties de go, de shogi (les échecs japonais) ou de s’adonner à tout autre loisir en commun. L'argent est utilisé dans les activités et, s’il y en a trop, il est redistribué. Faire partie d’un moai permet de maintenir la stabilité émotionnelle et financière Si une personne du groupe rencontre des difficultés, on peut lui avancer la paie des économies du groupe. Ce sentiment d’appartenance et d’entraide procure une sécurité et contribue à augmenter l'espérance de vie."

Outre le Moai, les auteurs livres deux secrets de la bonne santé des japonais, qui sont:
  • "Entretenir l’amitié, respecter une alimentation légère, observer un repos suffisant et entretenir sa forme font partie de l’équation de la santé, mais au centre de cette joie de vivre, qui les pousse à franchir ls années et à continuer à les fêter chaque matin, se trouve l’Ikigai propre à chacun.
  • L’Hara hachi bu, qui signifie approximativement le ventre rempli à 80%. "Ne pas se gaver, la satiété use le corps par l'accélération de l’oxydation cellulaire, assortie d’une longue digestion."
Enfin, Hector Garcia et Francesc Miralles dévoilent les 10 lois de l’ikigai, selon la sagesse des centenaires d’Ogimi - île d’Okinawa
  • Restez toujours actif, ne prenez jamais votre retraite 
  • Prenez les choses calmement 
  • Ne mangez pas à satiété, et respectez l’hara hachi bu: mangez à 80% de votre faim 
  • Entourez-vous de bons amis 
  • Soyez en forme pour votre prochain anniversaire. Faites de l’exercice 
  • Souriez. Ne pas oublier le privilège d’être ici et maintenant dans ce monde plein de possibilités
  • Reconnectez-vous avec la nature, et rechargez-y les piles de l’âme 
  • Remerciez. Consacrez un moment de votre journée à remercier (la nature, vos ancêtres, votre compagnon, etc.) et vous augmenterez votre capital bonheur 
  • Vivez l’instant, cessez de vous lamenter sur le passé et de redouter l’avenir. Tout ce que vous avez est aujourd’hui. 
  • Suivez votre ikigai. En vous, il y a une passion, un talent unique qui donne du sens à vos journées et vous pousse à donner le meilleur de vous-même jusqu’à la fin. "« Celui qui a un « pourquoi » qui lui tient lieu de but, de finalité, peut vivre avec n’importe quel « comment »," Nietzsche

#Différence anecdotique, bonus. Et les églises: le côté spirituelle pour les Antilles et le côté scolaire pour la Métropole ! 

  • En métropole les églises me font peur. Lugubre, sombre, froide, elle m’inspire plus qu’une parole, une autorité divine, un ordre établi qui s’applique sans concession à tous, un côté solennel et indérogeable que je sens peser sur mes épaules. L'atmosphère qui se dégage des églises m'oppresse. Une absence de libre arbitre, de choix. Les églises, édifices de savoir et de règles indiscutables, semblent incarner les écrits: écoute mes mots et répète-les sans réfléchir: c’est la vérité. 
  • Aux Antilles, les églises sont belles et accueillantes. Des bâtisses ouvertes, éclairées par des chandeliers en verre, avec des murs clairs et des représentations divines, peintures et sculptures, avenantes. Même les cimetières sont accueillants: face à la mer, tout en blanc, et fleurie. C’est comme si, aux Antilles, les églises incarnaient la philosophie qui se cache, en filigrane, dans les écrits religieux. Les textes ne sont rien face aux messages qu’ils transmettent. Seules les intentions, les valeurs, sont à comprendre et à intégrer. Amour, compassion, harmonie, etc. 
 C’est du moins mon ressenti - sans avoir ni écouté une messe, ni fait de recherches.
PlayPlay, plateforme de création de vidéos de qualité
20 janv. 2020
Vous souhaitez réaliser de courtes vidéos afin de promouvoir un produit, un service, ou partager une idée ? Avec PlayPlay vous pouvez créer en toute simplicité ce genre de contenu audiovisuel, et sans connaissances particulières. Une solution simple, intuitive et de qualité ! 

Une solution facile à prendre en main ! Lorsque vous ouvrez PlayPlay, pléthore de template vous sont proposés, et rangés en fonction de l’utilisation que vous souhaitez faire de votre vidéo, de sa destination: corporate, social media, événements, interview, teasing d’article, etc. Et si votre âme créative n’aime les cadres, vous pouvez aussi commencer sans gabarit.
  • Une riche bibliothèque de visuels, de gifs et de vidéos vous permet, via un glisser-déposer, d’enrichir vos séquences. C’est comme créer un powerpoint: chaque slide accueille une vidéo / un gif / une photo et avec un texte. 
  • Une sonothèque de qualité vous permet d’agrémenter votre création d’un contenu audio entrainant, triste, contemplatif, etc.
A tout moment, vous pouvez importer votre logo, vos propres photos, vos propres séquences audiovisuelles, votre propre bande son. A tout moment, vous pouvez aisément basculer d’un format à un autre: format carré, format rectangulaire, etc.

Une solution qui offre un rendu de qualité ! Ce qui marque, une fois votre création téléchargée, c’est sa qualité. C’est propre, c’est fluide ; les images, les textes et vidéos s'enchaînent facilement. A titre d’exemple vous trouverez, ci-dessous, quelques vidéos réalisées sur et via PlayPlay.

Une série de vidéos sur le burnout. Qu’est-ce que le burnout ? Son origine ? Ses causes ? 



Une série de vidéos sur l'effectuation 



Une série de vidéos sur les biais cognitifs 



Une série de vidéos sur l'apprentissage, la transmission



Par mois, l'abonnement vous sera facturé 200 euros. Si jamais ce prix s’avère onéreux pour vos besoins, il est possible de réaliser, et gratuitement, de belles vidéos (son + photo + vidéo + texte) sur Spark adobe et, éventuellement, sur canva !

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